Gandur, accapareur de terre en Afrique... et d'une chaire à l'EPFL

Deux nouvelles récentes apportent des confirmations de la justesse du combat qu’ont contribué à impulser solidaritéS et ses représentant·e·s au Conseil municipal de la Ville de Genève dans la votation référendaire victorieuse de fin février contre le projet d’agrandissement du Musée d’Art et d’histoire (MAH), basé sur un prétendu «Partenariat» public-privé avec la fondation du milliardaire du pétrole Jean-Claude Gandur.

 Lors de la manifestation contre la spéculation sur les matières  premières, Lausanne, avril 2016  François Graf – Strates

 

Addax Bioenergy se retire du Sierra Leone, les dégâts restent

Fin mars, l’œuvre d’entraide Pain pour le prochain annonçait qu’Addax Bioenergy, une des sociétés de J.-C. Gandur, se retirait de son site de production de carburants issus de la canne à sucre au Sierra Leone. L’exploitation industrielle des 10 000 ha de terres accaparées (auparavant dédiées à la culture vivrière, pâturages et forêts) a été arrêtée, des centaines d’ouvriers ont été licenciés ou suspendus.

Or le projet était présenté comme modèle exemplaire de «partenariat public-privé» et de «développement durable» auquel participaient de nombreuses banques publiques européennes à hauteur de la moitié des 500 millions investis. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) a aussi injecté de l’argent public dans ce projet. Aujourd’hui, ce sont les dégâts, d’abord en termes de perte de terres pour les populations locales, qui risquent d’être fort durables… Est-ce qu’on pourra exproprier une des villas vides de J.-C. Gandur sur la côte lémanique pour y loger des réfugié·e·s «économiques» Sierra-Léonais?

 

L’EPFL donne un droit de veto à la Fondation Gandur pour l’art

Le 21 avril, une enquête de la RTS révélait qu’une clause du contrat de sponsoring avec la Fondation Gandur pour l’art (FGA) permettait à cette dernière de retirer son apport de 2,5 millions pour la création d’une chaire de «humanités numériques» si le prof nommé n’était pas agréé par le sponsor privé.

Cette révélation intervient à plus d’un an de l’annonce du «partenariat» de l’EPFL avec la FGA. Visiblement le «mécène» veut la garantie que la recherche qu’effectuera la chaire qu’il finance réponde à ses attentes de «retour sur investissement». Mais ce n’est pas compatible avec la liberté et l’indépendance de la recherche universitaire. Comme le souligne le reportage de la RTS, la clause dans le contrat avec la FGA permettant le retrait du financement en cas de désaccord sur la nomination du titulaire de la chaire «est d’autant plus étrange que l’organe de surveillance, le Conseil des Ecoles polytechniques fédérales (EPF), interdit toute possibilité de veto de la part des partenaires financiers. Une mesure prise à la suite de la polémique autour d’une chaire Nestlé qui prévoyait un droit de veto du groupe agroalimentaire dans la nomination du professeur.»

Les dégâts occasionnés par ce genre de «partenariats» avec le capital privé au détriment du bien public (culture, recherche, terres) sont évidents et nous continuerons la lutte pour les empêcher.

Tobia Schnebli