Déclaration d'adhésion collective à solidaritéS

Cinq membres de la Gauche anticapitaliste (GA) ont décidé de démissionner de cette organisation et de rejoindre solidaritéS. Ils expliquent ci-après les raisons de leur choix.

1. Notre décision d’adhérer à solidaritéS découle du constat d’échec que nous dressons du projet de construction de la Gauche anticapitaliste (GA). La raison d’être de la GA – ce qui avait motivé sa fondation, puis son développement – était la volonté de disposer d’un outil politico-organisationnel remplissant une double tâche: mettre en œuvre une intervention propagandiste anticapitaliste sur la durée ; agir dans la réalité politico-sociale, ne serait-ce qu’en Suisse romande, afin de stimuler des dynamiques d’auto-organisation et de mobilisation collectives. En ligne de mire: un nouveau mouvement d’auto-­émancipation, de transformation radicale de la société.

Or, huit ans après sa fondation, la GA ne dispose toujours pas d’un noyau suffisant de cadres politiques et de militant·e·s en mesure d’assumer la double tâche en question ; nous ne croyons pas à l’hypothèse d’après laquelle, dans la configuration actuelle de la GA, un tel noyau puisse émerger et se consolider à court/moyen terme.

2 . L’échec du projet GA n’a pas ébranlé nos convictions anticapitalistes ni notre motivation militante. Pauvreté et misère, licenciements et délocalisations, crise écologique: ces maux qui minent notre société sont la conséquence d’un système économique au service d’une infime minorité de possédants. C’est pourquoi nous défendons un projet de société alternatif, substituant à la logique du profit celle de la satisfaction des besoins sociaux, sur la base d’une appropriation collective de la richesse sociale et des moyens fondamentaux de production.

Notre approche se situe ainsi à mille lieues de celle des dirigeant·e·s du PS et des Verts, qui ont définitivement renoncé à toute perspective d’un «au-delà du capitalisme». En fait, ils et elles sont porteurs d’un certain nombre de reculs majeurs, à l’image du conseiller fédéral Alain Berset, qui propose d’augmenter l’âge de la retraite des femmes. Au plan cantonal, ce n’est guère mieux. Partout, loin de représenter une alternative à la droite, ils et elles travaillent main dans la main avec cette dernière, comme Pierre-Yves Maillard, champion toutes catégories, avec son acolyte libéral-radical Pascal Broulis, des cadeaux fiscaux aux grands patrons et actionnaires.

3. Suite à l’échec du projet GA, nous avons choisi de rejoindre solidaritéS, plutôt qu’une autre organisation, pour les raisons suivantes: solidaritéS dispose d’une présence significative dans les deux principaux cantons de Suisse romande (Genève et Vaud) et elle s’est fixée l’objectif de s’implanter ou de renforcer sa présence dans d’autres cantons ; c’est une force qui intervient avec continuité dans la réalité politico-sociale, en prenant des initiatives auxquelles nous souscrivons, à l’image de la bataille menée contre la réforme fiscale dans le canton de Vaud, dont solidaritéS a été l’un des piliers ; elle organise un noyau significatif de jeunes et compte parmi ses membres des militant·e·s anticapitalistes.

4. Nous avons décidé d’adhérer à solidaritéS malgré quelques divergences importantes. A nos yeux, solidaritéS attribue ainsi trop d’importance au travail institutionnel, au détriment de la tâche centrale pour des militant·e·s anticapitalistes: l’organisation de celles et ceux «d’en bas» en sujet social actif et prenant en main son destin.

Notre désaccord concerne aussi le choix d’une alliance organique avec le POP/PdT – dont la direction rassemble néostaliniens et gestionnaires locaux totalement intégrés – voire avec d’autres groupements (La Gauche, DAL, etc.) aux orientations fort éloignées de l’anticapitalisme, et d’une alliance électorale avec le PS et les Verts (liste commune, apparentement des listes, etc.). Enfin, nous ne partageons pas la décision de solidaritéS de siéger dans des exécutifs locaux, qui font partie du «mécanisme gouvernemental de la bourgeoisie». Au sein de solidaritéS, nous continuerons donc à défendre, dans le respect des règles de fonctionnement en vigueur, nos positions sur ces questions.

5. Notre adhésion à solidaritéS se fait sans arrière-pensées. Nous y défendrons certes nos positions anticapitalistes, mais nous reconnaîtrons et appliquerons les décisions prises par la majorité, tant au plan local qu’au niveau supra-cantonal, dans les instances habilitées. Plus généralement, nous nous engageons à participer pleinement et loyalement, comme le proclame le texte d’orientation générale du Congrès interrégional de solidaritéS de mars 2009, à la construction d’«un mouvement anticapitaliste, féministe et écologiste pour le socialisme du 21e siècle».

Wilfried Dovetta Philippe Martin
Aurélien Moreau Gwenolé Scuiller
Agostino Soldini