Assurance maladie: le combat continue

Assurance maladie: le combat continue

L’échec de l’initiative «la santé à un prix abordable», le 18 mai, est à mettre en relation avec l’ensemble des résultats de cette votation, lesquels confirment une réaction conservatrice de l’électorat, dans une période d’insécurité économique liée à la nouvelle phase récessive et à la montée du chômage. Ce réflexe de repli n’est pas étranger à la politique d’adaptation sans rivages de la social-démocratie et des syndicats.


Il faut toutefois souligner plusieurs éléments dont le PSS porte la responsabilité directe. Pour la troisième fois en trente ans, le PSS a lancé seul ses initiatives, certes appuyées par l’USS, et par l’association «la santé à un prix abordable», créée pour la dernière initiative par certains cadres du PSS. A chacune de ces occasions, un financement plus social de l’assurance maladie était en jeu. A trois reprises, les campagnes ont démarré tardivement, avec un faible engagement militant, donnant l’impression que le PSS a utilisé ses initiatives à seule fin de propagande électorale dans la période de lancement, mais en renonçant à se battre dans la phase de votation.


En 1974 déjà, la mobilisation n’avait pas été à la hauteur de l’enjeu. Vingt ans plus tard, le scénario s’est répété, avec le soutien de Ruth Dreifuss à la LAMal, et l’«abandon» du projet socialiste, mal défendu par le PSS en 1994.


Le dernier projet est issu d’un compromis entre les différents courants de ce même PSS, mal ficelé, laissant en particulier une part trop grande à l’interprétation des taux de TVA, ouvrant ainsi un «boulevard» pour la droite dans la campagne. Le matériel proposé par le comité d’initiative était mal adapté, sans affiche nationale, avec la conséquence que le PSS partait ainsi à nouveau perdant, sans avoir accordé à cette bataille l’importance qu’elle méritait.

Repartir au combat

La décision de lancer une nouvelle initiative sur l’assurance maladie dans un tel contexte étaient donc difficile à prendre, après avoir «encaissé» trois échecs retentissants. Mais face aux mesures déjà prises par la majorité de droite au plan fédéral, pour laisser le champ libre aux assureurs et surtout pour attaquer les prestations, les forces progressistes de ce pays se devaient de relever la tête et continuer la bataille pour un financement plus social de l’assurance maladie.


La nouvelle initiative «pour une caisse-maladie unique et sociale» proposée par le Mouvement populaire des familles présente l’avantage de la clarté et de la simplicité. Elle veut introduire une seule caisse-maladie pour l’assurance obligatoire des soins (AOS), sans but lucratif. Elle demande aussi un financement plus social avec le principe de primes en fonction de la capacité économique des assuré-e-s. Elle vise quatre objectifs: redonner un pouvoir de décision en matière d’assurance-maladie et de santé aux assuré-e-s, instaurer une totale transparence sur l’utilisation des ressources financières de l’AOS, des réserves et des provisions, avoir un outil indispensable pour agir sur la maîtrise des coûts et obtenir un financement solidaire de l’assurance de base.

Nouvelle initiative lancée

Nous avons décidé de nous associer au lancement de cette initiative, en participant à la conférence de presse du 27 mai à Berne. Les signatures peuvent être récoltées depuis le 10 juin. Il est important de réussir à l’automne un bon début de récolte de signatures pour lancer ce projet, surtout lors de l’annonce des nouvelles hausses de primes prévues pour 2004.


Le Département fédéral de l’intérieur a déjà annoncé en avril les réformes qui prendront force en janvier 2004: augmentation de la franchise de base, réduction des rabais en cas de franchise à option, hausse du montant de la quote-part à la charge des assuré-e-s. Le DFI prétend que cela allègera les primes de 3,2% en 2004. Les assureurs de santésuisse en sont moins convaincus, selon leur porte parole Yves Seydoux.

Christiane Brunner s’oppose

A l’évidence, les forces bourgeoises se sentent plus libres encore pour charger les ménages et creuser ainsi davantage les inégalités. Il est donc particulièrement choquant que la majorité du comité directeur du PSS, appuyée par la propre voix de sa présidente, Christiane Brunner, désavoue le lancement de l’initiative «pour une caisse-maladie unique et sociale», baisse les bras, laissant à la droite tout le champ libre pour de nouvelles attaques anti-sociales. La résistance contre celles-ci est toujours plus nécessaire. La bataille doit continuer.


Gilles GODINAT