Des demandeurs d'emploi en révolte

Trop souvent ignoré·e·s, laissé·e·s de côté, il est rare que les demandeurs·euse·s d’emploi prennent la parole, même s’ils·elles représentent une part importante de la population. Pourtant, ces personnes étaient là, nombreuses et décidées, le 24 mai dernier à participer à l’action organisée par les syndicats genevois (CGAS) devant l’Office cantonale de l’emploi (OCE).

Ils·Elles sont venu·e·s protester avec vigueur contre la vague de réorganisations et de tracasseries administratives orchestrées par le tandem Poggia et Barbey. Leurs témoignages, tout comme les dénonciations des syndicats, ont mis en lumière combien les dernières initiatives du département, en apparences inoffensives, sont de fait lourdes de conséquences. Modifications de la loi à propos des emplois de solidarité et des allocations de retour en emploi, mise en place d’une nouvelle mesure, «I emploi», qui, sous prétexte de favoriser l’apprentissage du français, évincera les personnes qui ne maitrise pas suffisamment l’informatique et qui de surcroît permettra de contrôler les chômeurs·euses et leur emploi du temps.

A cela s’ajoute encore une modification de la procédure d’inscription qui génère plus de délais de carence et enfin une formalisation de l’accroissement du nombre de recherches d’emploi. Autant d’occasions pour M. Poggia de réaliser des économies sur le dos des chômeurs·euse·s et surtout de multiplier les opportunités de les sanctionner et de réduire leurs droits.

Un premier pas vers une mobilisation large

Il ne fallait pas que le 24 mai ne soit réduit qu’à un simple «coup de gueule des demandeurs d’emploi». Aussi pour donner suite à la dynamique enclenchée lors de cette action et engager un mouvement de longue haleine, la CGAS a organisé une assemblée des demandeurs·euses d’emploi le 14 juin. Beaucoup ont répondu présent et ont décidé du lancement d’une pétition pour continuer la lutte. L’ambition formulée est de recueillir le plus grand nombre de signatures d’ici au 4 juillet.

La lutte contre le chômage au centre du débat

Sur le front du chômage, en 2014, la CGAS et les partis de l’Alternative ont élaboré un projet de loi qui proposait un réel changement de paradigme pour la création d’emploi et la lutte contre le chômage. Il a été d’emblée retoqué en commission. A l’évidence, la majorité de droite et d’extrême droite du Grand Conseil ne veut pas de réflexion dans l’espace public sur la question du chômage. Elle préfère rendre les demandeurs d’emploi responsables de leur chômage. Relancer un tel mouvement offre l’occasion de rappeler leur présence et de faire entendre leurs besoins aux politiques et au patronat.

Cela ouvre également l’opportunité de reprendre sous une autre forme certaines des propositions du projet de loi pour améliorer les droits des demandeurs·euses d’emplois et proposer de réels instruments de lutte contre le chômage. La pétition n’est qu’une première étape. La suite est à construire ensemble. Dans cette attente, n’hésitez pas à signer et à faire largement signer cette pétition autour de vous. Elle est disponible sur les sites de solidaritéS et des syndicats.

Jocelyne Haller