Kurdistan

Kurdistan : L'ombre d'Erdogan derrière la bombe de Gazantiep

A Gazantiep, une fois encore, les larmes des Kurdes se mélangent au sang de dizaines de victimes civiles frappées par la barbarie de Daech. Dans un Etat turc sur militarisé, avec des chars postés à chaque coin de rue, un jeune kamikaze s’est fait exploser au plein milieu d’un mariage entre membres du parti de la gauche turque et kurde HDP, en faisant plus de cinquante victimes, en grande partie des enfants.

L’implantation de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique, réd.] dans la région était connue et dénoncée depuis des mois. Et pourtant, les services secrets turcs ont continué à faire la sourde oreille. D’une part, ils étaient concentrés à purger des milliers de fonctionnaires proches du prédicateur Gülen. D’autre part, ils poursuivaient leur campagne de répression contre l’opposition interne, en fermant le journal Özgür Gündem et en emprisonnant ses journalistes. S’il n’existe à l’heure actuelle aucune preuve d’une implication directe des services secrets turcs dans l’organisation de l’attentat, leur complicité passive dans le massacre est indéniable.

Si le président turc Erdogan a publiquement condamné l’attentat, par la même occasion il a déclaré que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) représentait une menace pour l’Etat turc équivalente à celle de Daech. Sous-­entendant ainsi que les représentant·e·s du mouvement populaire kurde, usuellement ciblés par les attaques des terroristes wahhabites, continueront à être considérés comme des ennemis et ne bénéficieront d’aucune protection.

Des déclarations qui ont été suivies par les bombardements turcs contre des positions de l’Etat islamique en Syrie des troupes des YPG/YPJ dans la ville de Manbij, récemment conquise par le mouvement révolutionnaire du Rojava. Le but principal de l’opération étant de soutenir l’Armée syrienne libre, en particulier ses factions islamistes, dans son avancée vers la ville de frontière de Jarablus, également objectif militaire des Forces démocratiques syriennes, dont les forces kurdes assurent la direction.

Erdogan confirme sa complicité avec les mouvements réactionnaires islamistes ainsi que sa responsabilité dans la déstabilisation de la région et dans la continuation de la guerre. La paix en Syrie et en Turquie ne sera possible que par la défaite du régime turc et par la victoire des forces démocratiques et révolutionnaires. Dans ces journées où le mouvement populaire kurde pleure des dizaines de martyres, nous ne pouvons que lui réitérer notre proximité et notre soutien.

Jean Verhagen