Eco-logique

Eco-logique : Près d'un million de vues pour l'action chez Total

La vidéo de l’action du Collectif Break Free opérant une perturbation théâtralisée d’une réunion financière de Total le 1er septembre dernier (cf. notre nº 293) à Genève a rencontré un vif succès sur internet, totalisant près d’un million de vues dix jours après sa mise en ligne sur la page Facebook de solidaritéS Genève.

Devenue virale en quelques heures, la vidéo a été largement diffusée et commentée, en particulier en France, en Belgique et au Québec. Les médias traditionnels s’en sont également fait l’écho (Le Temps, Tribune de Genève, 24 Heures, L’OBS, Léman Bleu, etc.) et des traductions en allemand et en anglais ont été diffusées sur des pages de collectifs liés à la campagne pour le désinvestissement des énergies fossiles (350.org, fossil-free.ch, etc.). En tout, ce sont près de 950 000 vues que l’on comptabilise à l’heure où nous bouclons ces pages, ce qui en fait de loin notre vidéo la plus vue.

Comment expliquer cet engouement? D’une part sans doute car cette action s’inscrit dans un contexte d’un fossé grandissant entre la réalité concrète du changement climatique et le business as usual qui caractérise aussi bien le quotidien des décisions politiques que celui du capitalisme. En effet, il ne se passe pas une semaine sans qu’on annonce de nouveaux records de température: les «mois les plus chauds» se succèdent les uns aux autres, et l’année 2016 est bien partie pour faire largement exploser tous les records, sans parler des événements météorologiques extrêmes qui se multiplient…

Entre ce que disent les scientifiques – il faudrait laisser 80 % des énergies fossiles dans le sous-sol – et la réalité du monde actuel, où les multinationales extractivistes comme Total redoublent d’efforts pour forer toujours plus loin et toujours plus salement (gaz de schiste, sables bitumineux…), le fossé est toujours plus criant. Dans ce contexte, on comprend l’écho que peut rencontrer une vidéo relatant le fait que des militant·e·s aillent rendre visite à des actionnaires potentiels en s’infiltrant au cœur de l’une de leurs réunions pour soulever les conséquences concrètes de leurs investissements.

A cela s’ajoute l’essoufflement patent des solutions «institutionnelles» sur la question. En effet: l’accord de Paris une fois signé à la COP 21, les gouvernements sont retournés à leurs politiques habituelles. Après le sommet, le gouvernement français a en effet encore renforcé sa répression contre les militant·e·s écologistes qui se battent contre les grands projets inutiles comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, renforçant encore la légitime révolte contre la gigantesque hypocrisie en cours… et le sentiment d’impuissance qui en découle.

Mais aussi efficaces soient-elles, le monde ne changera pas avec des vidéos virales sur les réseaux sociaux. Toutefois, si celle-ci pouvait au moins contribuer à ternir un peu l’image de Total et encourager d’autres groupes à reproduire des actions similaires ailleurs, contribuant ainsi à ne surtout pas laisser ceux-celles qui investissent dans les énergies fossiles poursuivre leur business en paix, peut-être alors que ce petit buzz n’aura pas été vain. TS