Hôpitaux

Hôpitaux : Journée nationale de mobilisation

Le syndicat des services publics organise une journée nationale de mobilisation le 3 novembre prochain afin de dénoncer les conditions de travail du personnel hospitalier et empêcher la dégradation des services publics. Entretien avec Diane employée du CHUV.


Joel Bez

Quelle est la situation du système hospitalier du point de vue du personnel?

Depuis la mise en place du nouveau système de tarification en 2012, les hôpitaux publics doivent être rentables. Ils sont mis en concurrence avec les hôpitaux privés sans que ces derniers n’aient les mêmes obligations. Nous constatons qu’en Suisse alémanique, il y a de plus en plus de privatisation. Nous nous rendons compte également que dans certains cantons, il y a des coupes dans la formation continue, des gels dans les engagements ou des refus de remplacer des collègues absents.

Quel est l’impact sur le quotidien du personnel hospitalier?

Cela a un impact sur la qualité des soins que le personnel veut et doit offrir. La formation continue est importante car le personnel a besoin de se spécialiser et d’actualiser ses connaissances afin de mieux prendre en charge les patient·e·s. Le sous-effectif touche aussi cette qualité. Les hôpitaux prévoient des taux de travail supplémentaire par service ou unité de soins afin de pallier les absences. Malheureusement, ils ne sont pas suffisants pour faire face à la réalité. Le pool de remplaçant·e·s est ainsi intégré aux plannings et ne peut pas remplir son rôle.

Comment réagissent les collègues face à ces difficultés?

Au bout d’un moment, on doit se faire à la surcharge. On nous pousse à faire le deuil d’une certaine qualité du travail. Ce qui devient difficile, c’est d’arriver le matin et de ne pas savoir si son équipe sera complète. C’est un gros facteur de stress. Alors, certains collègues diminuent leur pourcentage ou quittent le métier désabusés. Avant c’était plutôt les collègues avec de l’ancienneté qui étaient victime d’épuisement professionnel. Maintenant c’est plutôt les jeunes qui sont formés à pratiquer un travail qui entre en contradiction avec les moyens réels à disposition.

Que disent les directions face à ces situations?

Elles tablent sur «l’entraide» des unités de soins ou des services. Cela reporte le problème sur le personnel et créé de la surcharge, du stress et baisse la qualité des soins. Lorsqu’on leur demande ce qu’il faut mettre de côté avec les moyens à disposition, elles nous répondent qu’elles ont confiance, que nous sommes professionnels et compétents, qu’on va y arriver et s’organiser. En gros on doit se démerder.

Que prévoit le SSP sur le canton de Vaud pour cette journée?

Depuis 3 ans, la situation s’est détériorée, et quand on voit les autres cantons on sait vers quoi on se dirige. Donc on essaie de mobiliser les gens avant que ce soit trop tard. Nous allons informer les collègues en début de journée. Durant la matinée, nous tiendrons une permanence syndicale. A midi, nous organiserons des conférences afin de montrer que le problème est général. Ensuite, nous invitons l’ensemble des organisations professionnelles, syndicales ou politiques ainsi que la population à un rassemblement à 17 h 30 au CHUV avant de partir manifester en ville. SéS