Nissan licencie la collectivité paie

Nissan International a installé son siège à Rolle et fait partie de ces nombreuses transnationales venues profiter du climat fiscal helvétique. En septembre de cette année, l’entreprise a annoncé 92 suppressions de postes de travail sur les 228 du site. Les salarié·e·s ont organisé une action de protestation le 18 octobre dernier, qui a réuni une quarantaine de personnes.

L’entreprise  affirme qu’elle maintiendra 128 postes et son siège à Rolle. L’objectif déclaré de cette délocalisation est de regrouper des effectifs à Paris pour un travail plus efficient. Mais Nissan sait très bien que l’ensemble du personnel ne va pas suivre. De plus, la pertinence de cette démarche est remise en question à l’interne. Il semble donc probable qu’il s’agisse plutôt de faire des économies pour augmenter les dividendes versés aux actionnaires.

L’incapacité du Conseil d’Etat

Lors de l’annonce des suppressions de postes, le ministre cantonal de l’économie, Philippe Leuba, s’est contenté de vagues garanties et d’hypothétiques promesses d’investissement en affirmant d’une part que les raisons d’un tel déménagement sont internes à l’entreprise, et d’autre part que le bilan global en terme de places de travail est positif. Cette délocalisation montre bien l’incapacité du Conseil d’Etat à mettre en place une politique économique favorable à l’emploi, n’ayant que la sous-enchère fiscale internationale et intercantonale pour tenter vainement de protéger les places de travail. Cela montre une fois de plus que les réformes fiscales mises en place ces dernières décennies ne profitent nullement à l’emploi et à la population. En effet, il y a fort à parier que Nissan International ne paie pas ou très peu d’impôt en Suisse. Au final, la collectivité devra payer pour les travailleurs·euses qui se retrouveront sur le carreau.

Suite à cette annonce, le personnel concerné a mandaté le syndicat Unia dans le cadre d’un licenciement collectif. Durant la procédure de consultation, l’employeur n’a pas fourni l’ensemble des documents utiles à temps et n’a pas octroyé le temps nécessaire à cette procédure. Enfin, il a refusé de reconnaître Unia comme interlocuteur collectif, confirmant ainsi son comportement antisyndical dénoncé en juin de cette année par une délégation étasunienne à Paris. Durant cette procédure, le service de l’emploi était très timoré et la demande du syndicat de convoquer Nissan n’a pas abouti. Force est donc de constater, encore une fois, d’une part que la paix du travail et le partenariat social sont des mots creux qui visent à endormir toute résistance et, d’autre part, que l’État ne souhaite pas de meilleur contrôle des conditions de travail, le service de l’emploi ne faisant qu’enregistrer les volontés des employeurs.

Par l’intermédiaire de notre député Jean-Michel Dolivo, le groupe La Gauche au Grand Conseil vaudois a donc déposé une interpellation questionnant les faveurs fiscales obtenues par Nissan, à leurs conditions ainsi qu’à la procédure de consultation.  SéS