Italie: un mouvement social sans précédents

Un mouvement social sans précédents

Depuis quelques années l’Italie s’enfonce dans une spirale de restauration autoritaire, de gestion patrimoniale, de privatisation politique, de régression sociale et de crise économique. Des phénomènes inquiétants, telle l’offensive idéologique du régime, les incitations publiques à la haine et à la xénophobie, accompagnent la pénétration des institutions par des forces réactionnaires, voire de filiation explicitement néo-fasciste.


De l’autre côte, un mouvement de résistance sociale d’une ampleur sans précédents, se fraie un chemin dans la rue, sur les lieux de travail et les écoles du pays. Des millions de personnes sont ainsi descendues dans les rues, se sont mises en grève et se sont opposées de multiples manières aux politiques néolibérales, probablement les plus brutales que l’Europe ait connues dans l’après-guerre. Brutalité d’autant plus odieuse qu’elle est le fait d’un Prince-Chevalier qui s’approprie personnellement le bien public sans aucune retenue, transgresse les fondements même de l’Etat de droit et se considère au-dessus des lois, investi qu’il est d’une soi-disant mission divine.


Après quelques défaites historiques le salariat a retrouvé le chemin de la lutte. L’attaque frontal à un droit fondamental – l’art. 18 du statut des travailleurs protégeant contre les licenciements abusifs les employé-e-s des entreprises de plus de 15 employés – a déclenché un formidable mouvement de lutte. Il a débouché sur un référendum demandant l’extension de ce droit menacé aux employés des entreprises de moins de 16 employés.


Formellement gagné par la vaste coalition qui s’y opposait et qui appelait à l’abstention, bourgeoisie et gouvernement en tête, parce que le taux de participation n’a été que de 27%, le résultat de ce référendum consacre – et consolide – néanmoins les positions de près de 10 millions de citoyennes et de citoyens qui ont voté OUI à 90%. Ils représentent tout de même près de la moitié de la population active ou l’équivalent de l’ensemble de l’électorat de «l’opposition du centre-gauche». C’est aussi dans les mêmes proportions qu’on a pu dénombrer les grévistes et les manifestants qui ont marqué leur détermination dans la lutte au cours des dernières années.


Cela se produit au lendemain de défaites électorales significatives de la coalition gouvernementale, lors des élections partielles (administratives). Des voix dissonantes de plus en plus virulentes se font jour aussi au sein de cette coalition et une crise gouvernementale menace. C’est dans ce contexte que les travailleuses et les travailleurs ont pris la parole dans les urnes.

(réd)