Jeremy Corbyn ferait campagne en Suisse contre la RIE 3
Le 3 décembre dernier, Jeremy Corbyn, le chef du Parti travailliste britannique, s’exprimait devant une assemblée du Parti socialiste européen à Prague. Un discours qui devrait faire réfléchir les leaders socialistes cantonaux et communaux de Neuchâtel, Vaud, Bâle, Genève…, qui soutiennent aujourd’hui la RIE 3, soit la baisse massive de l’imposition des bénéfices des entreprises. Nous en avons traduit l’essentiel.
The Pinefox
« En Europe et au-delà, on a assisté à une accélération alarmante du développement de la droite populiste.
Que ce soit UKIP au Royaume-Uni, Donald Trump aux Etats-Unis, Jobbik en Hongrie, ou le Front National de Marine Le Pen en France.
La vie politique a été chamboulée dans le monde entier et, en tant que socialistes et progressistes, nous savons très bien pourquoi la droite populiste se renforce. Mais nous avons de plus en plus de peine à nous faire entendre, et il nous appartient de fournir le leadership politique nécessaire à une nouvelle alternative.
Nous savons que le fossé entre riches et pauvres se creuse. Nous savons que le niveau de vie stagne ou recule, et que l’insécurité croît. Nous savons que de nombreuses personnes se sentent écrasées par les forces qui résultent de la mondialisation – impuissantes face aux pouvoirs dérégulés des multinationales.
Souvent, la droite populiste pointe les vrais problèmes, mais ses solutions renvoient aux impasses toxiques du passé, qui cherchent à faire diversion en usant une rhétorique du ‹ diviser pour régner ›.
Ce sont des parasites politiques qui se nourrissent des préoccupations des gens et de la dégradation de leur situation, blâmant les plus misérables pour les tares de la société, plutôt que de proposer des moyens pour arracher le contrôle de nos vies des mains des élites puissantes qui ne s’occupent que de leurs intérêts.
Mais si les partis et mouvements progressistes ne rompent pas avec cet establishment économique et politique failli, ce sont les sirènes de l’extrême droite populiste qui vont occuper ce vide.
Il peut sembler difficile de convaincre les chômeurs·euses de longue durée que la raison pour laquelle il n’y a pas de travail n’est pas que les immigré·e·s leur volent leur emploi, mais découle du programme économique de la droite […].
Ou il peut paraître difficile d’expliquer que nos services publics ont été ruinés par des années d’austérité et de privatisations, plutôt que par des dépenses excessives et des gaspillages des pouvoirs publics, mais il est vital que nous le fassions.
Nous ne pouvons pas abandonner nos principes socialistes parce qu’on nous dit que c’est la seule manière d’arriver au pouvoir. C’est un non-sens.
La raison pour laquelle nous perdons du terrain au profit de la droite, c’est que notre message à propos du socialisme, de ce qu’il est et de ce qu’il peut apporter à la vie quotidienne des gens est régulièrement édulcoré.
De nombreuses personnes ne comprennent plus ce que nous défendons.
Trop souvent, ces dernières années, la gauche a été considérée comme défendant un système en panne, plutôt que comme une alternative en termes de réformes sociales et économiques radicales pour le 21e siècle.
Trop souvent, la gauche a été considérée comme complice d’un capitalisme brutal et sauvage, plutôt que comme son adversaire.
Trop souvent, la gauche a été perçue comme soutenant une poignée de privilégié·e·s, plutôt que le plus grand nombre que nous sommes sensés représenter et défendre.
Si nous ne sommes perçus que comme les défenseurs du statu quo, comment pouvons-nous espérer que les gens se tournent vers nous lorsqu’ils réalisent que ce statu quo est un échec?
Nous devons défendre un réel changement, en rupture avec la politique et l’économie faillies d’une élite rétrograde.
Si nous le faisons, j’ai bon espoir que les principes de la solidarité, de l’internationalisme et du socialisme que nous défendons puissent être au cœur de la politique européenne au 21e siècle.
C’est pourquoi, il est vital que notre rhétorique ne puisse pas être utilisée pour légitimer la stigmatisation des réfugié·e·s ou des immigré·e·s.
Lorsque nous parlons des réfugié·e·s, nous devons parler d’eux·elles comme des êtres humains, des enfants, des mères, des pères, des fils et des filles, et non en termes de chiffres, comme une charge.
Et face au défi de l’immigration, nous devons œuvrer ensemble pour arrêter l’exploitation du travail des migrant·e·s, pour stopper la sous-enchère sans fin des salaires et des conditions de travail en Europe. Nous ne pouvons pas laisser les partis de droite semer la division et alimenter la peur.»