Election du gouvernement

Election du gouvernement : On prend les mêmes et on recommence

Le 21 mai dernier, l’alliance de la gauche gouvernementale est parvenue à maintenir sa majorité au Conseil d’Etat vaudois. Si l’on peut se réjouir de l’échec de la droite, l’enthousiasme est très relatif vu le bilan du PS et des Verts après cinq ans de majorité.

On n’aura cessé de l’entendre durant cette campagne: «les Vaudoises et les Vaudois sont satisfaits de leurs dirigeant·e·s politiques et désirent la continuité». Une prophétie autoréalisatrice répétée en boucle par des éditorialistes, des politologues, des experts et, surtout, des responsables politiques chantant les louanges de la «formule magique à la vaudoise», de la «capacité de construire ensemble», du «compromis dynamique» rendus possibles par une majorité parlementaire de droite, amenée à collaborer avec un gouvernement socialiste-vert.

La «gauche» au service des politiques libérales

En tirant ensemble un bilan positif de leur législature, en dégageant les contours de la suivante et en se gardant bien de toute critique, les six conseillers·ères d’Etat candidat·e·s à leur réélection ont mené campagne pour la continuité des politiques menées depuis cinq ans. Un pacte de non-agression qui aura été clairement illustré lors des débats télévisés du premier tour, durant lesquels les candidat·e·s socialistes-verts, M. Maillard en tête, auront été plus affairés à s’attaquer aux propositions de notre candidat Hadrien Buclin en matière de fiscalité, ou à dérouler un plaidoyer en faveur de la croissance économique à tout prix face au candidat de Décroissance-­Alternatives Yvan Luccarini, qu’à combattre la droite. Cette solidarité gouvernementale a été renforcée par un traitement médiatique pour le moins inéquitable entre les partis déjà présents au gouvernement et les autres.

Sur le fond, à observer le bilan de ces cinq dernières années, le PLR et l’UDC, de même que les milieux économiques ont de bonnes raisons de se satisfaire d’une majorité rose-verte chargée de mettre en œuvre une politique dictée par un parlement libéral et conservateur. Quoi de mieux pour faire passer la pilule d’une baisse massive de la fiscalité des grandes entreprises, que de faire porter cette réforme (la RIE 3 vaudoise) par un notable socialiste?

Quel meilleur moyen de durcir la Loi vaudoise sur les étrangers et de détruire par la même occasion des années de travail des milieux de défense du droit d’asile, que de donner à une magistrate verte la responsabilité de porter ce projet? Combien de dossiers, combien de projets politiques libéraux, anti­sociaux et même xénophobes la majorité rose-verte du Conseil d’Etat a-t-elle porté là où elle aurait pu les empêcher? On mesure bien ici l’utilité pour la droite et le patronat: moyennant quelques concessions ponctuelles, se garantir le soutien d’un gouvernement dit de gauche, au mieux par son silence, souvent par des soutiens actifs.

Droite divisée et alliances de façade

En plus d’avoir été peu soutenue par le trio PLR du gouvernement, l’alliance de dernière minute entre le ticket PLR-UDC et les Vert’libéraux n’aura trompé personne, et c’est tant mieux. Aux côtés du candidat UDC Jacques Nicolet qui réalise un score plus faible qu’au premier tour (de 40,34 % à 39,71 %), la candidate Vert’libérale Isabelle Chevalley arrive dernière des listes d’alliance gouvernementale, avec 38 % des suffrages.

Deux conclusions à tirer de cet échec. Premièrement, cette unité de façade n’aura pas réussi à cacher la division qui existe à droite. Une partie de l’électorat de l’UDC n’est pas disposée à voter pour les candidat.e.s modérés de la droite, et vice et versa. En témoigne les écarts de bulletins de partis entre le premier et le deuxième tour. Le bulletin PLR a perdu 25 % de ses électeurs·trices, que le progrès des Verts’libéraux ne suffit pas à compenser, et même les bulletins UDC reculent de près de 10 %. Deuxièmement, le choix entrepris par Isabelle Chevalley lève définitivement le voile sur son organisation politique: un parti de droite, libéral à outrance, et bien plus disposé à s’unir avec des pronucléaires et des xénophobes pour accéder à des postes de pouvoir, qu’à prendre en compte de manière conséquente les défis écologiques de notre siècle. PC