Image de «la femme» et sexisme dans la pop culture

Le 19 septembre dernier, le groupe Genre et Société de solidaritéS Vaud organisait un café politique questionnant la place de «la Femme» dans la pop culture. Dans une salle de la Datcha comble, la conférence a connu un beau succès.


Jorge Lemos

Si de nouveaux modèles féminins apparaissent peu à peu dans la culture mainstream et remettent en question les représentations traditionnelles, le sexisme est encore bien réel. Deux artistes résolument féministes étaient présentes pour aborder cette problématique. Flèche Love est compositrice et travaille actuellement sur son premier album solo, après avoir quitté le groupe Kadebostany en 2015. Mirion Malle, autrice de bande-dessinée, analyse dans Commando Culotte, sortie en 2016, la place des femmes dans les séries et films, de Game of Thrones à Harry Potter. Les deux intervenantes ont rappelé les graves discriminations touchant encore les femmes dans leurs domaines respectifs.

Culture et discriminations

Elles ont abordé les difficultés à être reconnues et respectées dans des milieux très masculins. Flèche Love a rappelé que les femmes occupaient en majorité des places de performeuse dans le monde musical, avec tous les impératifs sur le corps que cela suppose, mais bien plus rarement des postes de productrices. On trouve encore très peu de femmes à l’affiche des festivals, et principalement des chanteuses. Les remises de prix sont un autre bon exemple de cette exclusion, avec seulement six femmes productrices nominées aux fameux Grammy Awards et aucune ne l’ayant jamais remporté.

Le constat fait écho au monde de la bande-dessinée, où une autre des grandes cérémonies du milieu, le Festival international d’Angoulême, n’a nominé aucune femme pour son Grand Prix de 2016. Le prix a par ailleurs été remporté par une seule femme en 43 années d’existence. Dans un milieu où les réseaux masculins sont aussi très importants, l’exclusion touche beaucoup les femmes dont l’horizon professionnel est limité. Ainsi une autrice verra presque inévitablement ses bande-dessinées catégorisées comme «girly» et ne pouvant donc intéresser qu’un public féminin.

Mirion Malle a évoqué le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, dont elle fait partie. Collectif né pour dénoncer une exposition prévue à Bruxelles en 2015 et intitulée «La BD des filles», sans autre lien thématique si ce n’est le genre des autrices.

Les intervenantes ont également parlé des cas trop nombreux de harcèlement sexuel impunis ou leur lutte constante pour être reconnues à l’égal de leurs collègues masculins. Après ce constat plutôt sombre, les deux artistes ont appelé à une solidarité entre femmes dans un esprit de sororité et à une libération de la parole, puisque lorsqu’une artiste dénonce une agression, cela signifie souvent un obstacle pour sa carrière. En témoignent les difficulté qu’a rencontrées Flèche Love à dénoncer les abus dont elle a été victime lorsqu’elle était chanteuse de Kadebostany.

Un appel à ceux et celles qui «consomment» la culture sans distinction a aussi été lancé. Le boycott des artistes abuseurs a été évoqué et la nécessité de comprendre les liens entre le capitalisme et l’exploitation d’une image sexiste de «la femme» dans le monde culturel a été soulignée. Un débat riche et soutenu avec la salle a suivi les deux interventions, par exemple sur la place d’artistes comme Beyoncé ou Rihanna et l’image qu’elles renvoient de «la femme».

Marie Jolliet

La conférence est visionable sur le facebook de solidaritéS Vaud.