Coûts de la santé

Coûts de la santé : La Suisse fait la course en tête

Certains indicateurs de l’état de santé de la population suisse sont en moyenne bien plus satisfaisants que dans les autres pays de l’OCDE. Mais le système de santé helvétique pompe goulûment dans le portemonnaie des assuré·e·s. La Suisse serait même fort bien placée dans la course aux frais de santé «out-of-pocket», ceux que l’on paie de sa poche.

L’OCDE, qui regroupe la majorité des pays dits avancés, a publié une étude intitulée Panorama de la santé 2017. Les indicateurs de l’OCDE. On y trouve peu de révélations mais quelques confirmations.

La Suisse figure au deuxième rang en matière de dépenses de santé par résident·e, devancée uniquement par les Etats-Unis, dont le système de santé est particulièrement cher. Aux Etats-Unis, les dépenses de santé représentent 17,2 % du PIB (Produit intérieur brut), et en Suisse 12,4 %. Lorsqu’on rapporte cela au nombre d’habitant·e·s, la Suisse dépense annuellement 7 919 $ par tête et les Etats-Unis 9 892 $.

Grâce au merveilleux système d’assurance-maladie que nous connaissons, l’assuré·e helvétique est fort bien placé dans la course aux paiements directs, puisque franchise et quote-part représentent 28 % de l’ensemble des coûts de la santé. Cette participation individuelle aux coûts n’est que de 20 % en moyenne dans l’OCDE. Un ménage suisse consacre ainsi 5,3 % de ses dépenses à cette seule participation, contre 1,4 % en France. Cela sans parler des primes d’assurances et de la part des impôts et taxes consacrée à la santé. Comme le remarque benoîtement la Neue Zürcher Zeitung qui commente ces chiffres, «le système suisse de santé repose sur la responsabilité individuelle et sur assez peu de solidarité entre les personnes en bonne santé et les patient·e·s».

Ces coûts individuels élevés influent directement sur le nombre de fois où les assuré·e·s se rendent chez le médecin. Alors que la moyenne de l’OCDE tourne autour de sept visites par année, les Suisses et Suissesses ne consultent que quatre fois par an.

Plus grave, 21 % des personnes interrogées dans le pays disent avoir renoncé à se rendre chez le médecin uniquement pour des raisons financières. En Allemagne, en Espagne, en Suède, au Royaume-Uni, en Israël et en Italie, cette proportion est inférieure à 5 %.

En Suisse toujours, 12 % expliquent avoir renoncé, pour les mêmes raisons, à des médicaments prescrits. Dans des pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, ce pourcentage est inférieur à 3 %.

Le poids de l’industrie pharmaceutique dans le pays se reflète bien dans le recours aux médicaments génériques. Dans l’OCDE, ils représentent 52 % des produits pharmaceutiques vendus, pour seulement 22 % en Suisse.

Mais rassurez-vous, braves gens: le Conseil fédéral a décidé de remédier à cette situation scandaleuse. Prochainement, la franchise minimale devrait passer de 300 à 350 francs, puis à 400 francs. On vous l’emballe ou c’est pour consommer tout de suite?

Daniel Süri