Livres en lutte - Tour d'horizon de l'édition alternative

Tour d’horizon de l’édition alternative

Gabriel Gauny
Le philosophe plébéien
Paris, La Fabrique, 2017

Né à Paris en 1806, mort en 1889, Louis Gabriel Gauny était menuisier et philosophe. Ses écrits constituent un précieux témoignage de la condition ouvrière et des luttes pour l’émancipation à l’avènement du capitalisme industriel. Jacques Rancière, qui a dépouillé ses archives à Saint-Denis, restitue l’expérience au jour le jour de ce philosophe plébéien.

Claude Guillaumaud-Pujol
Mumia Abu-Jamal, combattant de la liberté
Paris, Le Temps des cerises, 2017

En 2012, après 30 ans dans le couloir de la mort, Mumia a vu sa peine commuée en prison à vie: «une peine de mort lente», selon ses mots. Dans ses écrits et ses interviews réalisées par téléphone, il reste un exemple d’humanité et d’héroïsme: il nous restitue, en direct, le vie au jour le jour des quelque 3000 condamné·e·s à mort américains et de plus de deux millions de prisonniers ; l’autre Amérique, celle des minorités ethniques et des majorités pauvres.

Elsa Dorlin
Se défendre. Philosopie de la violence
Paris, La Découverte, 2017

Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des «éthiques martiales de soi», pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.

Andrea Dworkin
Souvenez, résistez, ne cédez pas
Paris, Syllepse, 2017

Le style d’Andrea Dworkin, très novateur, mêle la radicalité des analyses féministes et la beauté de la langue: «J’ai utilisé l’écriture pour emmener le langage là où était la souffrance des femmes – et leur peur – et j’ai continué mes fouilles à la recherche de mots capables de porter le fardeau de dire l’indicible.» L’intransigeance face aux violences contre les femmes et l’onde puissante des mots. Il ne s’agit donc ici ni d’analyses universitaires ni d’indignations désincarnées, mais bien d’une voix littéraire, nouvelle et forte, qui bouleverse notre compréhension de la domination masculine.

Tiré et adapté des présentations des éditeurs.