Angleterre

Angleterre : Les conservateurs ont 120 000 morts sur la conscience!

En Grande-Bretagne, l’austérité néolibérale imposée par les conservateurs apparaît chaque jour plus clairement comme une machine de guerre contre la majorité de la population.

Face à ses effets toujours plus évidents et au mécontentement que suscite sa politique, le gouvernement May se délite. Chancelante et prise en otage par un groupe d’ultraréactionnaires nord-­irlandais, Theresa May est hors d’état de gouverner, de faire face à l’échéance du Brexit et n’en a, sans doute, plus pour longtemps.

La gauche, avec J. Corbyn, a le vent en poupe et des défis majeurs à relever si elle veut pouvoir impulser un réel changement de cap contre l’austérité, en s’appuyant sur une mobilisation populaire et éviter une simple inflexion passagère qui ralentirait, un moment seulement, le rouleau compresseur néolibéral.

Et ce rouleau compresseur doit être arrêté. Il est mortel – littéralement. Un exemple vient le mettre en évidence. Le 15 novembre, le quotidien britannique The Independent (15.11.2017) titrait sur les conclusions d’une étude conjointe menée par des chercheurs des universités d’Oxford, de Cambridge et de l’University College de Londres (BMJ Open). Ces chercheurs ont observé et analysé l’inflexion marquée des courbes de mortalité en Angleterre liée à la mise en œuvre des politiques d’austérité par les gouvernements conservateurs britanniques après la crise financière de 2008.

Meurtres économiques de masse…

Sur la base d’une analyse détaillée des données statistiques nationales de 2001 à 2014, les auteur·e·s évaluent la surmortalité mise en évidence entre 2010 et 2017, en lien avec la politique d’austérité et de coupes budgétaires dans le secteur de la santé et du social, à 120 000 mort·e·s supplémentaires en Angleterre, en particulier chez les plus de 60 ans et les personnes prises en charge dans des établissements médico-sociaux. L’étude évoque notamment les coupes dans le nombre de postes du personnel infirmier comme l’un des facteurs explicatifs importants de ces décès.

Pour la période de 2015 à 2020 ce sont 150 000 morts supplémentaires, soit 100 par jour, que prédit l’étude! L’un des coauteurs, le professeur Lawrence King, de l’Unité de recherche en santé appliquée de Cambridge, déclare:

«Il est désormais très clair que l’austérité ne promeut pas la croissance ou la réduction des déficits, c’est de la mauvaise politique économique, mais elle reflète bien une politique de classe… Notre étude montre que c’est aussi un véritable désastre en matière de santé publique. Ce n’est pas une exagération de parler de meurtre économique de masse».

Un Hiroshima sociosanitaire

Les chiffres de mortalité de ces études correspondent en termes d’ordre de grandeur aux effets des deux bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki… Sauf que ce n’est pas un acte de guerre d’un gouvernement étranger, qui dévaste la Grande-Bretagne, c’est un acte de guerre des classes que le gouvernement britannique mène contre la majorité de sa propre population au nom des super-riches. Mais aujourd’hui, en Angleterre, ça se sait, ça se voit, ça se dit… et le temps des tueurs est compté.

Dans le cadre des débats budgétaires britanniques, c’est 6 milliards de livres de plus que le parti de Corbyn propose d’injecter dans le budget de la santé. L’autre jour en commission des finances du parlement genevois, les député·e·s PLR proposaient froidement une coupe claire de 20 ou 25 millions dans le budget de l’Hôpital cantonal: c’est le chemin mortifère des Thatcher et May que ces gens-là ont entrepris de suivre! Combien de morts à la clé chez nous? Nous pouvons et devons les arrêter, dans la rue et dans les urnes.

Pierre Vanek