Droits des gays et lesbiennes

Droits des gays et lesbiennes

Refus de toute discrimination juridique ou administrative fondée sur l’orientation sexuelle. Les autorités fédérales doivent mener une campagne active contre l’homophobie.


En premier lieu, nous affirmons notre soutien au projet de partenariat fédéral pour les couples homosexuels, en raison de la nette amélioration de la situation pour les couples bi-nationaux, et de la reconnaissance du conjoint ou de la conjointe dans les institutions sanitaires, de sécurité sociale et sur le plan juridique (successions, droit du bail, etc.). Le partenariat est en commission depuis novembre 2002, et doit être validé par les Chambres fédérales au cours de la prochaine législature. Nous nous engageons à lutter pour son acceptation, et contrerons le référendum que les milieux conservateurs, au nom de la «famille», ne manqueront pas de lancer.


Les partis et député-e-s réactionnaires brandissent volontiers l’étendard de l’adoption contre le partenariat homosexuel: rappelons que l’adoption a déjà été explicitement écartée du projet fédéral face aux levées de bouclier de la Droite. Les familles recomposées et homoparentales existent déjà, et les «mères» et «pères» non biologiques nécessitent une reconnaissance juridique plus conforme à leurs réalités dans le cadre d’une redéfinition complète du concubinage.


Le partenariat homosexuel est une étape pour une meilleure intégration des gays et lesbiennes, mais n’est pas suffisant. En effet, l’homosexualité entre adultes consentants n’est plus pénalisée en Suisse depuis 60 ans, pourtant les discriminations se sont accentuées au cours de ces années, et la «liberté» de ces 10-15 dernières années s’insère dans le contexte du Sida. Un fait persiste: l’homosexuel est un malade; un malade mental jusqu’aux années 90, puis, potentiellement, le porteur d’une maladie incurable. Le stigmate maladie/perversion est une source majeure de discrimination, et la pression sociale est forte. Le refus de l’homosexualité par la famille provoque un suicide de jeune sur quatre. Selon une enquête menée par l’association vaudoise VoGay en 1999, un tiers des jeunes rencontrent des problèmes dans les institutions scolaires à cause de leur orientation sexuelle, et plus de la moitié des répondants se sentent obligé de jouer un rôle pour diminuer leur visibilité dans le domaine professionnel.


Aujourd’hui, l’acceptation des gays et lesbiennes est consumériste, sur l’idée de deux revenus sans enfants. Il s’agit d’une négation tant de l’isolement de la plupart des homosexuel-les que des charges des familles homoparentales. D’autre part, les segmentations patriarcales demeurent profondément opérantes en Suisse: le salaire mensuel médian des gays est inférieur de 1000 francs à celui des hommes hétérosexuels2, mais supérieur de 1000 francs à celui de toutes les Suissesses. L’acceptation des gays et lesbiennes se révèle être une façade: les associations homosexuelles ne reçoivent pas de soutien financier des pouvoirs publics, tout acte d’affection entre deux hommes ou deux femmes est concrètement impossible dans les rues suisses, les personnes séropositives sont rejetées du monde du travail et, dans la dérive sécuritaire actuelle, le lien entre homosexualité et pédophilie reste très rapidement accepté.


Thierry DELESSERT
Catherine GAILLARD

  1. Enquête VoGay sur les discriminations envers les gays et lesbiennes en Suisse romande, 1999, www.vogay.ch
  2. Projet santé gaie. Les premiers résultats de l’enquête sur la santé des hommes gais de Genève, 2003, Dialogai