Plus de droits, moins de barrières pour les femmes migrantes!
Plus de droits, moins de barrières pour les femmes migrantes!
La pauvreté extrême, les violences et les guerres jettent chaque jour des millions de femmes et denfants sur les routes.
En Suisse, comme dans le reste des pays dits développés, le Parlement met en place des lois de plus en plus restrictives pour fermer les frontières. Les discours et la pratique xénophobes de la Suisse officielle nourrissent toutes les peurs irrationnelles que lUDC exploite pour gagner en influence. Malheureusement, ça marche.
Moins de barrières et davantage de droits et de respect pour les réfugié-es et pour les migrant-es en général, voilà ce que nous réclamons. Et il ny a là rien dexagéré. Ni dutopique. Nest-il pas normal de vouloir vivre en sécurité? Nest-il pas normal de vouloir vivre sans mourir de faim? Nestil pas normal de vouloir vivre sans être persécutée sexuellement ou battue à mort? Pourquoi ce qui est valable pour moi, ne le serait-il pas pour nimporte quel être humain?
Ce nest quune toute petite partie des réfugié-es qui cherchent asile en Suisse; la majorité des personnes menacées par la pauvreté ou la guerre se réfugient dans un pays voisin, pauvre et sans ressources. Par manque de moyens dabord, mais aussi parce quelles savent plus ou moins clairement que la politique migratoire des pays riches est essentiellement guidée par les intérêts de léconomie et quelles ne seront pas bienvenues.
Les premières exclues de laccès au marché du travail helvétique sont bien sûr les personnes qui ont peu de moyens financiers et une qualification jugée faible 9 fois sur 10 il sagit dune femme. Celles qui ont malgré tout réussi à franchir «nos» frontières sont trop souvent contraintes à accepter des conditions de travail inadmissibles, par peur dêtre expulsées ou de perdre leur statut.
Certains hommes violents, qui savent que leur femme ne pourra pas demander le divorce sans perdre son droit de séjourner en Suisse, persécutent leur compagne, les violent et les battent. Parfois à mort. Il ne sagit bien sûr pas que de couples immigrés ou réfugiés, mais pour les femmes venant dailleurs, il est essentiel que le droit de séjour ne soit pas dépendant de létat civil. Sur ce point un changement de loi simpose. Et vite. Si nous sommes élus au Parlement, nous demanderons aussi la réouverture du dossier des clandestin-es, afin que le droit au séjour et le droit de changer de profession pour toutes les personnes qui vivent en Suisse soit enfin reconnu.
Tourner la page du féminisme?
La majorité du Parlement, lUDC en tête, ne manque pas une occasion pour reprendre (de la main droite) ce que les féministes avaient obtenu (de la main gauche). Deux exemples récents? Le référendum annoncé par lUDC contre lassurance maternité telle quelle fut péniblement négociée au niveau du Parlement. On nen finira donc jamais? Ce droit à une assurance maternité, inscrit dans la Constitution, est lettre morte depuis plus dun demi-siècle. Les femmes devront-elles passer par une grève des ventres pour être enfin entendues?
Autre exemple récent: le revirement qui vient dêtre annoncé par la Berne fédérale concernant les subventions en faveur des crèches. «En période de crise . Vous comprenez ». Peut-être imagine-t-on du côté de la droite réactionnaire qui domine dans ce Parlement que, sans solution pour leur enfant, les jeunes mères rentreront delles-mêmes, à la maison, sans même quon doive les licencier Mais il sagit là dun raisonnement dun autre temps. Mieux qualifiées (que leur mère et leur grand-mère), les jeunes femmes ne se laisseront pas faire si facilement. Légalité entre femmes et hommes est certes encore loin dêtre une réalité, mais certains schémas sont définitivement révolus. Une crèche de qualité avec du personnel qualifié en nombre suffisant et des espaces bien aménagés est un lieu de socialisation, déchanges et déveil: un cadeau pour les enfants. Il est important de les défendre comme telles. Trouver une place dans bonne crèche? Les enfants y gagnent plus encore que leurs parents. Si besoin est, de nombreuses études lattestent.
Ne nous y trompons pas: la remise en cause des crèches nest pas une affaire dargent. Cest bien dune offensive idéologique quil sagit ici: une «vraie» femme est une maman et sa place à la maison! Une récente analyse réalisée en Suisse romande et publiée par la Conférence latine des déléguées à légalité confirme en effet les résultats dune étude zurichoise: «les investissement consacrés aux structures daccueil de la petite enfance engendrent des bénéfices, cest au contraire la pénurie de celles-ci qui génère un manque à gagner considérable pour la collectivité, pouvoirs publics compris»: Ces études montrent quun franc investi dans les structures daccueil de la petite enfance rapporte, par le jeu des recettes fiscales, en moyenne 3 francs à la collectivité et un franc aux pouvoirs publics. Les milieux de la droite dominante, dhabitude si près de leur argent, ont-ils donc peur des femmes hors du foyer?
Le combat féministe: toujours actuel
Grâce à leurs luttes collectives les féministes ont contribué à ouvrir de nouveaux espaces de liberté la plus grande conquête des dernières années est peut-être le bouleversement sans précédent que représente pour les femmes la possibilité de contrôler leur maternité. La loi sur lavortement, laccès à la contraception et à léducation sexuelle sont (malgré toutes les limites) des acquis importants des féministes.
La mondialisation libérale aggrave cependant partout linsécurité économique et les inégalités sociales. Dans les pays du Sud, la pénurie demplois condamne les femmes à des travaux sous-payés, souvent accompagnés de violences physique ou sexuelle. La planète compte 1,25 milliards de pauvres, or 70% de ces pauvres sont des femmes, dont 900 millions danalphabètes.
Mais les inégalités perdurent aussi dans les pays industrialisés, en Suisse comme ailleurs. Les discriminations prennent ici dautres formes, car on le sait, dans les pays riches, les femmes sont de mieux en mieux formées. Plus nombreuses que les garçons dans les lycées, fortement présentes dans les universités, elles restent pourtant au second plan lorsquil sagit de faire carrière ou daccéder à des postes à responsabilités. A formation égale et travail de valeur égale, les salaires des femmes restent inférieurs à ceux des hommes. Les chiffres sont accablants: dans toute lEurope, les femmes gagnent moins; en Suisse leurs salaires sont entre 16 à 30% inférieurs. Au chômage par contre, elles sont plus nombreuses. Et le temps partiel leur revient en priorité, alors que cest rarement leur choix.
Ces faits sont connus, et en parfaite contradiction avec la loi sur légalité. Mais la volonté politique nexiste guère pour faire respecter le droit à légalité entre femmes et hommes. Augmentation de lâge de la retraite, obligation daccepter un travail de nuit, diminution des subventions pour les crèches et garderies, le Conseil fédéral et le Parlement ne se souviennent du principe de légalité que lorsquils peuvent le retourner contre les femmes
On le voit, loppression des femmes est toujours actuelle. Bilan pessimiste, mais pas définitif! Tant que le combat féministe restera lui aussi actuel, les chances existent bel et bien de voir se transformer en profondeur les relations entre les femmes et les hommes.
Marianne EBEL