SolidaritéS et les Conférences de la Gauche Anticapitaliste Européenne

SolidaritéS et les Conférences de la Gauche Anticapitaliste Européenne

Les Conférences de la gauche anticapitaliste européenne (CGAE) regroupent des partis, des mouvements ou des coalitions qui partagent une orientation clairement anticapitaliste, internationaliste, antiraciste et féministe, ainsi que l’objectif d’une société démocratique et socialiste. Elles se donnent pour objectif d’unir la gauche radicale à l’échelle européenne sur la base du débat, du pluralisme et de la coopération, afin de construire une alternative politique européenne aux partis de la social-démocratie néolibérale. SolidaritéS a participé régulièrement à ces conférences depuis leur 3e rendez-vous, à Bruxelles, en automne 2001. Nous étions aussi représentés à Athènes, les 9 et 10 juin 2003.*


La résolution adoptée a Athènes visait à faire le point sur les principaux développements politiques et sociaux internationaux depuis l’automne 2002: 1. l’intervention américano-britannique en Irak, qui s’inscrit dans le cadre d’une «guerre anti-terroriste» à tonalité raciste et liberticide; 2. l’émergence d’un mouvement anti-guerre de masse à l’échelle planétaire; 3. la «dissidence tactique» du noyau dur de l’Union Européenne, mettant à jour une accentuation des rivalités inter-impérialistes; 4. l’accélération de la formation d’un Etat supra-national européen, dans un contexte d’accélération du démontage social, toujours cautionné par la social-démocratie; 5. La montée en puissance d’une résistance sociale de plus en plus étendue (grèves générales, mobilisations de masse pour les retraites, etc.).

Pour une alternative globale

La Conférence d’Athènes a aussi insisté sur la nécessité de développer une alternative socialiste et féministe à l’échelle européenne, en mettant à profit les élections européennes de 2004. Pour cela, les organisations présentes à Athènes se sont engagées à élaborer une plateforme politique commune: 1. Lutte contre la guerre et le militarisme; sortie de l’OTAN; 2. Refus de la politique sociale-libérale et de toute participation à des gouvernements menant de telles politiques; 3. Refus des politiques liberticides justifiées par la «lutte anti-terroriste»; 4. Rejet du projet de Constitution de l’UE, anti-social, anti-démocratique et militariste. En effet, comme le relève la résolution finale: «On ne changera pas cette dynamique néolibérale par des petites mesures, car elle fait désormais système. Il faut changer radicalement de priorités: les besoins sociaux de la masse de la population avant les profits du Grand Capital».

Ensemble aux élections européennes

La CGAE a aussi décidé d’engager une réflexion commune autour d’orientations fondamentales communes: «Notre programme alternatif est aussi simple, facile et clair à définir que celui des patrons: pour chacun et chacune, un emploi plein et stable, un salaire décent, un revenu de remplacement viable (en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de pension); la réduction radicale du travail sans perte de salaire, sans augmentation des cadences, avec embauche compensatoire; le droit à un logement, à une éducation, à une formation et à des soins de santé, mais aussi à des transports publics de qualité.


Ces droits sociaux devront s’appliquer à tous les travailleurs/euses nationaux et immigrés. Leur mise en œuvre nécessite: une extension radicale des services publics; une refonte du budget de l’État (dont la fiscalité) afin d’augmenter fortement les budgets sociaux; une redistribution radicale des revenus du Capital vers le Travail. A cette fin, toutes les mesures anticapitalistes devraient être prises afin de contrôler et, si nécessaire, d’exproprier la propriété privée et d’y substituer la propriété publique et sociale. Une autre Europe est possible: sociale, démocratique, égalitaire, écologique, internationaliste – une Europe socialiste!»

Alliances contre le néolibéralisme

La résolution adoptée se conclut enfin ainsi: «La CGAE ne se contentera pas d’un simple acte de présence. Elle cherchera, selon les pays, à nouer des alliances ou à former des blocs électoraux pour battre la social-démocratie et sa politique néolibérale, et les partis de gauche qui s’y rallient. La GACE organisera une campagne active et dynamique avec un profil politique clair en faveur d’une alternative anticapitaliste, socialiste. La GACE publiera son «Manifeste» européen lors de sa 7e Conférence, qui se tiendra à Paris, en novembre 2003. La GACE soutient l’initiative annoncée par le Parti de la refondation communiste (PRC, Italie), d’une ‘Convention pour une Europe alternative’».


Jean BATOU


* Etaient représentés à Athènes, l’Alliance rouge et verte du Danemark, le Bloc de gauche du Portugal, le Scottish Socialist Party (SSP d’Écosse), la Ligue communiste révolutionnaire de France, le Socialist Aliance et le Socialist Workers Party pour l’Angleterre et le Pays de Galles, l’Espacio Alternativo de l’État espagnol, le Parti de refondation communiste (PRC) d’Italie, solidaritéS de Suisse, le Parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP) de Turquie, ainsi qu’à titre d’observateurs le Socialist Party (Grande Bretagne) et le Socialist Party (Irlande). De plus Synaspismos (Grèce), Esquerra unida i alternativa (État espagnol) et le DKP (Allemagne) ont participé aux travaux à titre d’invités.