NO Billag
NO Billag : Un rejet clair pour des exigences accrues
Le 4 mars les citoyen·ne·s suisses sont appelés à se prononcer sur la mal-nommée initiative No Billag. Une initiative trompeuse visant à supprimer toute possibilité de service public audiovisuel au niveau national et qu’il nous faut rejeter… sans pour autant oublier les limites de la situation actuelle.
Nous publions ci-dessous une synthèse des débats de la Coordination interrégionale de solidaritéS à ce sujet.
L’initiative UDC dite No Billag n’a, de fait, que peu à voir avec l’organe de perception de la redevance radio-télévision en Suisse. Si elle propose de supprimer la redevance que chaque ménage doit payer en Suisse et qui sert à financer la SSR (RTS, SRG, TSI, etc), elle cherche surtout à interdire tout financement public des radios et télévisions en Suisse. Ainsi, le but premier de ce texte est de privatiser totalement le paysage audiovisuel suisse, pour le plus grand avantage des grands groupes de presse dont celui de Blocher. Car sans cette redevance, la SSR mettra la clé sous la porte.
Défendre la possibilité d’un service public
Outre la défense de 14 000 emplois menacés, il nous appartient de lutter contre cette logique ultralibérale de privatisation des services publics en général, et de la radio et de la télévision en particulier. Nous avons devant nous l’exemple de la presse écrite qui meurt à petit feu avec comme conséquence une réduction alarmante de la diversité d’opinion. Les expériences de libéralisation de la télévision en Italie ou en France doivent également nous éclairer sur les dangers importants que comporte, d’un point de vue démocratique, cette initiative. Ainsi, la défense d’un des seuls services publics à visions nationales, préservé d’un fédéralisme fragmenté et d’une concurrence intercantonale délétère doit nous guider dans cette votation.
Battre No Billag pour exiger plus
Si mettre en échec cette initiative néolibérale est indispensable, cela ne doit pas nous faire oublier les critiques que nous avons envers la politique fédérale en matière de radio et télévision. Des critiques sérieuses qui mériteraient un débat démocratique de fond. En effet, lors de nos débats, trois problématiques ont été soulevées: le caractère antisocial de la redevance, la ligne éditoriale de RTS info et la place des productions suisses dans la grilles des programmes.
Un financement à changer urgemment
L’initiative No Billag est certes trompeuse, mais elle a mis le doigt sur le principal problème du financement de la SSR à savoir la redevance. Celle-ci est une taxe particulièrement antisociale puisqu’elle est la même pour tous les ménages sans prise en compte du niveau des revenus.
De plus, dans une période de stagnation voire même de recul des salaires et du pouvoir d’achat, cette taxe est, pour de nombreux ménage, une charge trop lourde.
Cette redevance, perçue par une filiale de Swisscom particulièrement critiquable dans ses méthodes, doit ainsi être abandonnée au profit d’un financement par l’impôt fédéral direct. Ceci aurait le double avantage de prendre en compte la capacité contributive de chaque ménage, mais aussi de supprimer Billag, entreprise néfaste et inutile.
Pour une information réellement démocratique
Le mode de financement n’est pas la seule exigence que notre mouvement veut avoir face à la SSR. Les contenus proposés par le service public doivent également être débattus et notamment ceux de RTS info.
Le travail d’information politique et sociale effectué par RTS info souffre de nombreux problèmes. Le manque de diversité d’opinion, l’absence quasi systématique des positions des groupes politiques minoritaires et des mouvements sociaux, le désintérêt pour les luttes sociales pourtant nombreuses dans notre pays sont autant d’obstacles à la construction d’un véritable service public de l’information.
Dans un pays où les citoyen·ne·s sont si souvent invités à se rendre aux urnes, la mission d’information doit être prise beaucoup plus au sérieux et revêtir un caractère bien plus démocratique.
Stimuler d’avantage la production suisse
Finalement, lors de nos débats, la place des productions suisses dans la grille des programmes de la SSR a également été un thème très discuté. En ne programmant que peu de produits indigènes la SSR ne joue pas, à notre sens, le rôle de stimulateur qui lui incombe.
Développer de manière plus soutenue la scène cinématographique et culturelle suisse doit être un objectif au centre des préoccupations de la SSR et ne peut se réaliser qu’avec une programmation accrue des productions locales.
Gagnons pour améliorer notre service public
Toutes ces exigences sont autant de chantiers qui mériteront des débats politiques importants ces prochaines années. Cependant, pour qu’ils puissent avoir lieu, pour que nos critiques puissent apporter un jour plus de justice sociale et une information plus démocratique dans ce pays, nous devons remporter la bataille du 4 mars.
Il nous faut infliger une défaite au bloc ultralibéral dirigé par l’UDC et l’aile droite du PLR pour écarter définitivement la privatisation comme solution aux problèmes que nous rencontrons. Ensuite seulement, nous pourrons nous battre pour un service public financé de meilleure manière et plus démocratique.
Pablo Cruchon