La lutte s'organise aux TPG
Depuis la grève de 2014, les conditions de travail dénoncées par le personnel et les syndicats continuent de se dégrader aux Transports Publics Genevois (TPG). La direction persiste dans sa volonté de flexibiliser le travail du personnel, permettant ainsi de limiter les embauches et de poursuivre une politique d’austérité. En parallèle, la droite du Grand Conseil tente une nouvelle fois d’augmenter le taux de sous-traitance autorisé au sein de la régie publique. Une nouvelle période de lutte s’ouvre aux TPG.
Durant la grève de novembre 2016
Contrainte d’offrir un service toujours plus étendu sans augmenter la masse salariale, les TPG se sont vus dans l’obligation de trouver des solutions de «bricolage» durant ces dernières années. Pour les employé·e·s de l’exploitation, cela signifie rester de nombreuses années en voltige, ce qui implique notamment de ne connaître ses horaires de travail que 4 jours à l’avance avec un respect toujours plus faible des amplitudes de travail et des temps de repos légaux. De manière générale, les temps de trajets en ligne sont revus à la baisse plutôt que d’ajouter des véhicules là où le manque se fait sentir. Le tout accroit la pression sur le personnel roulant. Le malaise qui en résulte se retrouve dans le taux très élevés d’absentéisme, avoisinant les 10 % en moyenne.
Une pénurie de personnel généralisée
La situation n’est pas meilleure pour les employé·e·s de l’administration et du technique à qui l’on annonce que les effectifs n’augmenteront pas malgré la création du troisième dépôt TPG, En Chardon, qui ouvrira ses portes fin 2019. Autrement dit, le travail demandé augmentera d’un tiers, mais le personnel actuel devra s’en accommoder en circulant régulièrement d’un dépôt à l’autre. Pour l’exploitation, En Chardon sera l’occasion d’expérimenter un nouveau modèle d’horaires où la durée de travail quotidienne moyenne passerait de 8 h à 7 h avec, en contrepartie, 35 jours de congé en moins par année. Encore une façon de flexibiliser la main-d’œuvre et, à terme, limiter les engagements.
Attaque contre le statut du personnel
Dans l’ensemble, les employé·e·s des TPG exigent donc des embauches massives, le respect des mécanismes salariaux et du statut du personnel. En janvier 2018, les syndicats apprenaient avec surprise que l’Office Fédéral des Transports (OFT) avait émis en 2012, puis réitéré en 2017, une série de charges à l’encontre des TPG faisant directement écho aux difficultés rencontrées par le personnel. La régie publique se permettrait ainsi de contourner les normes légales dans le cadre de l’organisation du travail depuis plus de 6 ans. La direction désigne le statut du personnel, soit disant obsolète, comme responsable de la situation actuelle. On retrouve, là encore, une tentative de s’attaquer aux acquis sociaux afin de mener une politique d’austérité d’autant plus agressive.
Contrer la privatisation
Au Grand Conseil, justement, un projet de loi déposé par le PLR sera prochainement traité en plénière. Il vise à rehausser le taux de sous-traitance maximum autorisé aux TPG, le faisant passer de 10 à 15 %. La droite poursuit ainsi ses tentatives de privatisation rampante après l’échec cinglant que leur avait infligé le référendum populaire de 2005. Pour rappel, les conducteurs·trices sous-traitant·e·s perçoivent des salaires 20 à 30 % inférieures à ceux des employé·e·s TPG. Les conditions se sont tellement dégradées avec l’entrée en vigueur des horaires 2018, impliquant des amplitudes à rallonge et des temps de conduite toujours plus longs, que les conducteurs·trices sous-traitant·e·s montent au créneau malgré leur position extrêmement précaire. Si la majorité de droite parvenait à entériner leur projet de loi au parlement, les syndicats lanceraient un référendum afin de s’opposer à ce dumping salarial et social.
Vers une grève reconductible!
A ce stade, une consultation des membres des 3 syndicats actifs aux TPG a été lancée. Le résultat sera communiqué fin février et, en cas de préavis favorable, une journée de grève reconductible sera fixée. Une fenêtre particulièrement favorable s’ouvre actuellement avec les élections cantonales et un certain événement automobile bien connu à Genève. Si la droite libérale et la direction des TPG tentent de détruire le transport public au mépris de la loi, des conditions de travail et de la sécurité, le personnel sera prêt à leur tenir tête, une fois de plus.
Pablo Cruchon