Livres en lutte - 8 mars
Livres en lutte - 8 mars : Des femmes écrivent leur exil
Tamara Guliani
Mon dernier hiver soviétique
Roman, L’Harmattan, Paris, 2017
L’auteure est arrivée en Suisse à l’âge de 20 ans sans savoir un mot de français. Elle fuyait la Géorgie, en pleine guerre civile. Cette fiction est inspirée par son vécu durant la débâcle de la Géorgie dans les années 1990. Les émotions de son passé, enfouies dans le silence par sa volonté de construire sa vie ici en Suisse, se sont réveillées récemment. Grâce à l’écriture, elle a pu digérer ces événements si violents, surtout envers les femmes, et s’ouvrir à la liberté. Mais quitter ses repères du monde communiste, affronter les drames collectifs, le sexisme, la faim, le froid, alors qu’on est encore adolescente, est une rude aventure…
Doina Bunaciu
Chemins d’exil – Illusions et réalité
Récit, L’Aire, Vevey, 2017
Fille d’un ministre de Ceaucescu, elle a quitté la Roumanie, seule et enceinte, en 1980. Fuyant un régime «communiste», elle n’a pas eu de peine à obtenir l’asile en Suisse. Diplômée d’un doctorat de physique, elle a pu rapidement trouver un travail dans le domaine informatique qui s’ouvrait alors. Et pourtant, que le sentiment d’exil est profond! Travaillant d’arrache-pied dans des multinationales, pour nourrir sa famille, elle n’a pas eu le temps de s’intégrer et la culpabilité l’a hantée. L’écriture l’aide à trouver la paix.
Yudit Kiss
La lessive et autres histoires de femmes migrantes
Editions d’en bas, Lausanne, 2017
Yudit Kiss, née en Hongrie, certainement enfant d’exilés, vit aux Pâquis, le quartier le plus multiculturel de Genève. Elle y a rencontré quantité de femmes migrantes de tous pays, qui lui ont conté l’histoire de leurs vies, pétries de drames et de courage. Elle complète chaque récit par les remarques intriguées de ses propres enfants, déconcertés par les injustices du monde.
Xochitl Borel
Les oies de l’île Rousseau
Roman, L’Aire, Vevey, 2017
Très belle écriture, toute en douceur et en poésie, pour dévoiler les drames vécus par les migrant·e·s en ville de Genève. Toutes sortes d’exilé·e·s se croisent, enfants cachés de révolutionnaires, réfugié·e·s plus ou moins bien acceptés, clandestin·e·s, sans papier, pour raisons politiques ou économiques. Les policiers qui les poursuivent craquent, les poèmes et les roses rouges sont plus fortes que la mort.
Témoignage de Fatima Softic recueilli par Josiane Ferrari-Clément
Rendez-vous ici ou au paradis
Slatkine, Genève, 2017
«Je t’aime, je t’aime, je t’aime… C’était notre dernière conversation…» Au téléphone. Elle, en sécurité relative en Croatie avec les enfants, lui, pris dans la guerre civile en Bosnie. En 1992, son mari adoré est tué. La jeune veuve doit affronter seule l’exil. Elle a choisi la Suisse où son mari a travaillé. Elle s’accroche et trouve une école pour les enfants et du travail, des amis, à Vevey puis à Nyon. Mais en 1997, la guerre est finie, les Bosniaques doivent quitter la Suisse et repartir dans leur pays dévasté. Fatima s’engage dans le mouvement des mères seules de Bosnie, qui avait été soutenu par les femmes de solidaritéS, et finalement devient Suissesse en 2008.