8 mars

8 mars : Un printemps irlandais progressiste

Après un référendum sur le mariage homosexuel il y a près d’un an, l’Irlande se prépare à une nouvelle avancée pour les droits des femmes, sur la question de l’avortement.

Elina Filice

Le secrétaire d’Etat du Vatican, le Cardinal Pietro Parolin, à propos du résultat d’une votation populaire en mai 2017, parlait de «désastre pour l’humanité», propos confirmés officiellement par le Vatican.

De quoi s’agissait-il? Du résultat du référendum national en Irlande, qui a approuvé à 62 % une modification constitutionnelle autorisant le mariage homosexuel et établissant l’égalité de toutes et tous en la matière. Sur les 43 circonscriptions sous l’autorité de la République d’Irlande, une seule a refusé cette réforme.

Ce vote progressiste en faveur des droits humains et de la liberté d’aimer son prochain ou sa prochaine a été un clou de plus planté dans le cadavre déjà bien décomposé de la domination réactionnaire de l’Eglise catholique en Irlande.

Le DUP homophobe défend un bastion réac

C’est le recul bienvenu de cette emprise que le Vatican a qualifié de catastrophe. Ironie de l’histoire, les 6 comtés d’Irlande du Nord encore sous la férule de la Couronne britannique, sont le dernier recoin du Royaume-Uni à ne pas admettre le mariage homosexuel.

En effet, le DUP, parti unioniste sectaire «protestant» ultraréactionnaire, béquille parlementaire du gouvernement conservateur de Theresa May, minoritaire aux Communes, y a mis son veto en 2015. Aujourd’hui, sur nombre de points, le DUP et consorts sont alignés sur les aspects les plus réactionnaires de la pensée vaticane.

Mais cette domination est massivement remise en cause dans leur bastion même. En juin dernier, quelques semaines après le référendum dans les 26 comtés du sud, 20 000 personnes ont manifesté à Belfast, lors d’une des plus grandes mobilisations qu’ait connues la ville. A l’appel notamment d’Amnesty international et des syndicats irlandais, elles exigeaient la légalisation du mariage homosexuel et l’égalité des droits pour les couples homosexuels, comme dans le reste du Royaume-Uni.

Vers le droit à l’avortement

Et aujourd’hui, l’Irlande est peut-être sur le point de franchir une nouvelle étape. Après de grandes manifestations à Dublin en septembre pour le libre choix, avec des slogans comme «Keep your rosaries off our ovaries», le gouvernement de la République irlandaise a décidé de tenir un référendum. Ce dernier devrait avoir lieu en mai 2018 et supprimer le huitième amendement de la constitution, qui interdit l’avortement.

Fin janvier, les sondages donnaient une majorité de 59 % en faveur de cette réforme progressiste et féministe, avec 29 % de non et 15 % d’indécis·e·s.

On a le sentiment qu’une vague est en marche et que le Vatican aura sous peu toutes les raisons de se lamenter encore. Ce vote constitutionnel marquera la fin des voyages douloureux qui ont vu plus de 200 000 femmes irlandaises partir de l’autre côté de la mer d’Irlande pour avorter en Angleterre ou au Pays de Galles, ceci depuis 1983, date de l’article constitutionnel actuel.

Pierre Vanek