8 mars en Argentine

8 mars en Argentine : Une marée de femmes envahit les rues

Les femmes ont occupé le centre de Buenos Aires et se sont mobilisées par centaines de milliers dans tout le pays. En particulier pour le droit à l’avortement.


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Arrivant sous un soleil brûlant à la place du Congrès, elles demandent où l’on peut obtenir le foulard vert (signe de ralliement du mouvement pour la légalisation de l’avortement, réd). Sur la place de Mai, d’autres achètent un hamburger: il est à peine 2 heures de l’après-midi et la marche durera encore longtemps.

Elles arpentent l’avenue menant de la Casa Rosada [ndt: le palais présidentiel] au Parlement, sans respecter le parcours prévu: elles n’ont même jamais entendu parler des assemblées où fut rédigé le document qui sera lu sur la scène.

L’Argentine a donné le coup d’envoi des mobilisations contre la violence faite aux femmes en 2015, lorsqu’un million de personnes dans tout le pays crièrent en chœur: «Pas une de moins!» (Ni Una menos !)

C’est la seconde journée internationale des femmes où le mouvement a appelé à la grève, une consigne répétée dans plus de 150 pays.

Une marée de femmes: des groupes d’amies, la grand-mère avec ses petites-filles, les filles d’un même bureau qui ont choisi de marcher ensemble, celles qui descendent en masse des trains qui les ont amenées depuis les banlieues urbaines. Avec des poussettes, avec les ventres à l’air montrant des grossesses désirées où elles ont écrit des slogans pour le droit à l’avortement. Des femmes, de tous âges, mais beaucoup de très jeunes ; des adolescentes et des enfants. Un nouveau mouvement de femmes émerge dans le monde. Nous voulons vivre et en finir avec les différences salariales, avec le fait de ne pas pouvoir disposer librement de notre propre corps et avec les conséquences des plans d’ajustement financier des gouvernements.

L’ouverture du débat sur l’avortement a suscité une mobilisation des femmes plus grande que ne le prévoyaient toutes les organisatrices.

Après plus de 30 ans d’organisation conséquente, la capacité d’action dans la rue d’un mouvement de femmes lui a permis d’imposer son programme. Selon une enquête commandée par le gouvernement, dans les banlieues, 90 % de la population sait que le droit à l’avortement est débattu au Congrès. Clairement, la légalisation de l’avortement est la revendication la plus soutenue, spécialement chez les jeunes femmes, qui furent la force majoritaire du 8 mars.

Andrea D’Atri

Militante de Pan Y Rosas et du Partido de los Trabajadores Socialistas, Argentine Traduction et adaptation: Hans-Peter Renk