Nucléaire

Nucléaire : La bouilloire a redémarré

Il n’y a pas qu’au Japon que les autorités trafiquent les doses de radiation admissibles pour rendre le nucléaire plus acceptable. C’est exactement ce que fait le département de Doris Leuthard pour rendre sans objet une plainte de riverains de la plus ancienne centrale nucléaire du monde en service.


Manifestation contre le redémarrage, 6 mars 2018 – Maja Haus

On vous épargnera les calculs en cascade qui ont permis d’assouplir l’ordonnance sur la sécurité nucléaire concernée, établissant les doses admises en fonction de la probabilité de survenance d’un accident. Le fait est que, comme l’explique Philippe de Rougemont, membre du Comité Sortir du nucléaire dans le journal du Syndicat des services publics du 16 mars: «Depuis 2015, des riverains de la centrale ont entamé une procédure judiciaire contre l’Institut fédéral de la sécurité nucléaire (IFSN) et l’exploitant de Beznau, Axpo AG. Ces riverains considèrent que l’IFSN applique de façon erronée les dispositions légales en matière de protection contre les séismes. A la suite de leur action, le Département fédéral de l’énergie a décidé… d’assouplir les normes en question en révisant l’ordonnance sur la sécurité nucléaire. Selon Florian Kasser, chargé de campagne auprès de l’ONG Greenpeace, qui soutient les riverains, ‹ si la révision de l’ordonnance échouait, cela conduirait à la fermeture de Beznau. Pour éviter cela, le département de Doris Leuthard préfère augmenter d’un facteur 100 la dose radioactive à laquelle la population pourrait [légalement, réd.] être soumise ›».

Un redémarrage risqué

A fin mars, Beznau I sera remis en service. L’IFSN a en effet donné son feu vert, après examen des tests de résistance et de vieillissement simulés sur un prototype de cuve construit tout exprès. Les conséquences des 925 microfissures détectées ne peuvent en effet que difficilement être évaluées dans la centrale elle-même. La robustesse de ces tests et le respect de toutes les caractéristiques de la cuve de la centrale ont été remis en question, en vain, par les antinucléaires. Aux yeux de l’IFSN, ils pèsent certainement moins lourd que les 700 millions investis dans la rénovation de la centrale et les 350 millions de pertes entraînés par son arrêt. C’est pourtant un calcul à très courte vue. Selon les estimations de l’Office fédéral de la protection civile, une catastrophe majeure dans une centrale nucléaire coûterait environ 4200 milliards de francs. Soit 70 fois le budget annuel de la Confédération. DS


Les priorités bien choisies de l’IFSN

«La plus vieille centrale nucléaire du monde», cela faisait dés-ordre dans le paysage helvétique. L’IFSN a donc courageusement choisi d’affronter le problème. En modifiant, en 2016, la date de mise en service commerciale de Beznau I, désormais fixée au 9 décembre 1969. Beznau rétrograde ainsi à la cinquième place. Futé, non? Sauf que cela ne change rien au fait que la Suisse possède le plus vieux parc nucléaire du monde!

Signez la pétition contre le redémarrage de Beznau I

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