Appel du comité 1er Mai
Appel du comité 1er Mai : Pour un 1er Mai combatif
1er mai 2017 -Demir Sönmez
Contre la précarité: égalité salariale et salaire minimum légal
Les salaires stagnent, alors que loyers et primes d’assurance-maladie ne cessent d’augmenter. Les femmes, en particulier, sont surreprésentées parmi les travailleurs et travailleuses pauvres et les bénéficiaires de l’aide sociale: elles forment les deux tiers des salarié·e·s gagnant moins de 4000 francs par mois et les discriminations salariales à travail égal leur coûtent chaque mois 585 francs. Bas salaires et discrimination salariale pèsent sur l’ensemble de la collectivité. Il est temps d’y mettre un terme: instaurons un salaire minimum légal à Genève, ainsi que des contrôles et des sanctions de la discrimination salariale au niveau fédéral.
23 francs/heure, c’est un minimum
Toute personne travaillant à plein temps doit pouvoir vivre de son travail. Pourtant, selon le rapport du Conseil d’Etat sur la pauvreté à Genève, publié en 2016, 18 % des bénéficiaires de l’Hospice Général travaillent sans que leur salaire leur permette de vivre décemment. 30 000 salarié·e·s touchent moins de 4000 francs par mois pour un travail à plein temps et la moitié d’entre eux doit même boucler le mois avec moins de 3500 francs. Pour subvenir, chichement, à leurs besoins, ils et elles doivent recourir aux aides publiques.
L’établissement d’un salaire minimum fait partie des mesures nécessaires contre la précarisation des salarié·e·s. Le canton de Neuchâtel a fixé un salaire minimum de 20 francs de l’heure, sur la base du calcul déterminant le montant des prestations complémentaires à l’AVS et l’AI. Le coût de la vie étant plus élevé à Genève, le même calcul donne un salaire minimum de 23 francs de l’heure.
Loin des effets d’annonce politiques, qui désignent des salarié·e·s comme boucs-émissaires parce qu’ils ne sont pas nés en Suisse ou n’y résident pas, le salaire minimum s’attaque à la racine du problème: il empêche les patrons de baisser les salaires au nom de la situation économique. C’est pourquoi la Communauté genevoise d’action syndicale a décidé de lancer l’initiative «23 francs minimum».
Un salaire minimum légal pour les branches à bas salaire
A Genève, 48 % des travailleurs et travailleuses ne bénéficient pas de la protection d’une convention collective de travail. C’est dans ces secteurs que sévit principalement la sous-enchère salariale résultant des abus patronaux. Mais dans d’autres secteurs, soumis à une convention collective ou un contrat-type, les salaires minimaux demeurent inférieurs à un niveau décent. Dans l’hôtellerie-restauration, par exemple, le salaire horaire pour la catégorie la plus basse (employé·e sans qualification) atteint 17,50 francs. Dans le commerce de détail, il est de 21,65 francs pour le personnel sans expérience ni diplôme. Dans le secteur du nettoyage, le salaire horaire d’un·e employé·e sans qualification est de 18,95 francs. Enfin, le personnel sans qualification employé à travers les agences de travail temporaire touche 19,75 francs de l’heure.
Sans surprise, la plupart des branches à bas salaire emploient beaucoup de femmes. Les employeurs et les employeuses considèrent que ces emplois mobilisent des compétences naturelles, ne nécessitant pas d’apprentissage, ce qui justifie de faibles rémunérations. Plus largement, les tâches exercées surtout par des femmes ont tendance à être mal considérées. L’introduction d’un salaire minimum légal à 23 frs de l’heure permettrait donc un pas en avant vers plus d’égalité salariale entre femmes et hommes, en revalorisant la rémunération des métiers féminisés.