Liberté pour les «3 de Briançon»
Trois personnes – deux Genevois et une Italienne – sont accusées d’avoir fait entrer des personnes de manière illégale sur le territoire français , ceci «en bande organisée». Elles risquent jusqu’à 10 ans de prison et 750 000 euros d’amende.
Elles ont été arrêtées en marge d’une marche de solidarité qui a rassemblé près de 200 personnes, dont des migrant·e·s, pour parcourir le chemin de Clavière (Italie) à Briançon (France). Cette marche faisait suite à une provocation du mouvement d’extrême droite Génération identitiare qui a bloqué la frontière franco-italienne au Col de l’Echelle pour dénoncer l’immigration et exiger une fermeture des frontières françaises.
Les «3 de Briançon» ont été placés en détention préventive… à Briançon avant d’être transférés à la prison des Baumettes à Marseille. Un important mouvement de solidarité s’est rapidement mis en place en Suisse mais aussi en Italie et en France. Une lettre ouverte dénonçant cette procédure a été publiée et a reçu le soutien de nombreuses personnalités publiques.
Plusieurs rassemblements et manifestations ont également été organisés. A Genève, la traditionnelle manifestation du 1er Mai s’est ainsi terminée devant le Consulat de France, protégé par un important dispositif policier. Après une dizaine de jours de détention, la justice française a finalement autorisé leur mise en liberté dans l’attente du procès qui se tiendra le 31 mai. Ils ont cependant l’obligation de rester sur le territoire français et doivent régulièrement pointer au commissariat de police.
Si ce revirement de la justice a constitué une petite victoire pour la mobilisation et un réel soulagement pour les proches, il ne doit pas occulter la tendance lourde que révèle cette répression brutale. En procédant de la sorte, l’Etat français tente de décourager les personnes qui œuvrent en solidarité avec les migrant·e·s et défendent les droits humains les plus élémentaires.
A l’opposé, l’extrême droite, toujours présente à la frontière, jouit d’une parfaite impunité durant ses manœuvres provocatrices et illégales. Mais cette répression sélective ne peut faire oublier la crise humanitaire causée par les politiques migratoires de l’Europe – notamment les accords Dublin – qui relève de la responsabilité des gouvernements. L’absence totale de volonté politique de résoudre ce problème pousse ces derniers vers une fuite en avant ultra-répressive.
Dans l’attente du procès, la mobilisation continue. Pour réclamer l’abandon des charges contre les trois accusé·e·s mais aussi pour dénoncer la criminalisation des migrant·e·s et de la solidarité.
Jean Burgermeister