Le procès du délit de solidarité

Le procès des «trois de Briançon», le 31 mai, n’a pas débouché sur un jugement de Bastien, Théo et Eleonora. La défense a en effet demandé un report afin de déterminer si l’accusation de «délit de solidarité» est compatible avec le principe constitutionnel de fraternité. Dans l’intervalle, les trois prévenu·e·s recouvrent leur liberté complète.

Pour rappel, les trois de Briançon ont été arrêtés en marge d’une marche solidaire de près de 200 personnes – dont des migrant·e·s – sur la frontière franco-italienne. Accusés d’avoir fait entrer des personnes de manière illégale sur le territoire français «en bande organisée», les trois encouraient jusqu’à 10 ans de prison. D’abord incarcérés quelques jours aux Baumettes, à Marseille, ils et elle restaient sous contrôle judiciaire, avec obligation de demeurer sur le territoire français. Par ailleurs, tout commentaire politique et toute activité sur les réseaux sociaux leur étaient interdits.

La brutalité de cette répression a rapidement suscité une vague de solidarité en Suisse, en France et en Italie. Car il est vite apparu que l’État français souhaitait faire un exemple pour décourager toute forme de solidarité à l’égard des migrant·e·s. Cette stratégie a finalement viré au fiasco, car c’est bien le «délit de solidarité» qui s’est retrouvé sur le banc des accusés.

Dans cette affaire, il faut souligner le courage des trois accusé·e·s, qui n’ont jamais renoncé à mener la bataille politique, malgré les lourdes peines encourues. À la sortie du procès, Bastien n’a d’ailleurs pas manqué de relever que le capitalisme porte en lui les violences racistes ni de dénoncer la gestion ultra-répressive de la migration par les États européens. Ce procès décidément très politique n’est pas terminé, mais les trois de Briançon ont remporté une manche.

Jean Burgermeister