Réforme de l'école secondaire

Réforme de l'école secondaire : Parents et élèves en colère

Décidée en 2014, la rénovation des trois dernières années de la scolarité obligatoire (cycle 3) se voulait Harmos-compatible, plus hétérogène et moins élitiste. Aujourd’hui nous dressons le bilan provisoire d’un échec.

Plus de classes ni de sections fixes, les cours sont désormais dispensés à tous les élèves en tronc commun, exceptées les branches principales qui sont à niveaux. Complications pour la création des horaires et difficultés pour les enseignant·e·s, qui se voient confier des classes trop hétérogènes. La réforme du cycle 3 est un long chantier qui prend du temps sans faire l’unanimité.

Après cette réforme basée sur le prolongement des enseignements communs avant sélection-séparation, le système de promotion pour les différentes filières postobligatoires doit s’adapter de toute évidence. Ces changements s’opèrent aujourd’hui au détriment des élèves dans des méandres kafkaïens scandaleux.

Contrairement aux allégations condescendantes du Conseil d’État dans la presse, les conditions de promotion dans les écoles postobligatoires ne sont ni claires ni transparentes: avec pas moins de trois cycles, deux degrés, 11 niveaux présentés sur trois tableaux, ou encore une brochure raturée avec encarts correctifs en taille de police 6. Cette communication insuffisante et inapte à expliquer un système neuf et en mutation perd dans l’exercice parents et élèves.

La pire condition est l’exigence d’avoir obtenu les moyennes nécessaires six mois avant la fin de l’école obligatoire pour permettre aux élèves d’entrer dans l’école qu’ils·elles souhaitent intégrer. Cette condition des six mois est valable pour toutes les filières postobligatoires, excepté le CFC en entreprise. La conséquence attendue – et cyniquement espérée par le gouvernement pour réduire les charges de l’État – est l’exclusion de beaucoup élèves de la voie gymnasiale pré-­académique ou des écoles professionnelles les plus convoitées.

Comment justifier cela? La question a été posée à la conseillère d’État socialiste en charge de l’éducation, Monika Maire-Hefti, qui a rétorqué qu’une fois entrés dans la vie active, les élèves devront travailler dur tout le temps et pas seulement en fin d’année. L’exploitation salariée et ses dangers de licenciement et de compétition comme modèle pour nos écoles? Non merci! La contradiction est totale avec la nouvelle évaluation des compétences introduite à l’école primaire, autre chantier entamé mais jamais évalué par le Département de l’éducation. Ces conditions de promotion nous paraissent injustes, inutiles et sans fondement pédagogique.

Nous demandons que des informations claires soient enfin communiquées et que nos écoles soient pilotées avec une vision pédagogique commune depuis la petite enfance jusqu’aux écoles et institutions tertiaires. Nos jeunes doivent pouvoir se projeter dans la formation qu’ils·elles ont choisie avec motivation. C’est une question de confiance dans le système éducatif et dans le service public.

Zoé Bachmann

Enseignante et députée