«Paroles d’intermittents» de Philippe Baron

«Paroles d’intermittents» de Philippe Baron

Film tourné en France au début 2003 pour expliquer au grand public quels sont les conditions dans lesquelles travaillent les intermittent-e-s du spectacle. Film vindicatif aussi, la loi Aillagon, modifiant le statut des intermittent-e-s, précarise encore plus leur situation, pire, selon les estimations des syndicats, plus d’un tiers d’entre-eux seraient obligés de quitter leur emploi faute de salaire suffisant. L’originalité du documentaire tient dans le fait qu’il donne directement la parole aux différentes professions qui «bénéficient» du statut d’intermittent, acteurs et réalisateurs, certes, mais aussi tous les travailleurs et travailleuses de l’ombre comme les décorateurs, les éclairagistes, et autres professionels techniques, sans compter les administrateurs de troupes. Parole brute donc, qui veut se substituer aux synthèses généralement trop synthétiques, au point d’en devenir équivoques, telles que l’on voit régulièrement à la télévision.


Il s’agit dans ce documentaire de démontrer la précarité dans laquelle les intermittent-e-s se trouvent avec la loi actuelle, et à quel point sa modification entraîne ces travailleurs-euses sur la voie d’une paupérisation déjà bien entamée. En donnant la parole à ces hommes et à ces femmes, Philippe Baron démontre à quel point les politiques néolibérales appauvrissent et précarisent les salarié-e-s et excluent celles et ceux qui sont déjà précaires. Empêcher les artistes indépendants de pouvoir vivre de leur art, c’est ouvrir la porte à la «macdonaldisation» de la culture, l’imposition d’Hollywood comme seul lieu de production cinématographique, de Johnny comme chanteur officiel (ne l’est-il pas déjà?) et Disneyland comme scène de théâtre autorisée. Ce documentaire, met en lumière la dégradation des conditions de travail des intermittent-e-s, résultant d’un choix de société excluant toute forme de réalisation et de créativité indépendante.


Martin BOEKHOUDT