Climate Games à Bâle

La crise climatique est déjà une réalité, avec des conséquences néfastes pour beaucoup. La combustion d’énergies fossiles réchauffe le climat et la pollution cause la mort d’environ neuf millions de personnes chaque année. Le collectif des Climate Games, à Bâle, considère que nous ne pouvons pas faire confiance aux gouvernements ni aux entreprises en leur déléguant la mission de freiner le dérèglement climatique. Il faut s’engager politiquement et construire un mouvement large pour la justice climatique. Kim, membre du collectif qui organise les Climate Games cette année, a répondu à nos questions.


Lors de l’édition 2017

C’est la deuxième année de suite que vous organisez les Climate Games à Bâle. Quelle a été votre inspiration?

Ce n’est pas nous qui avons inventé le nom Climate Games. En 2015, lors de la COP21 à Paris, des actions ont eu lieu pour la première fois sous ce nom. Depuis, plusieurs Climate Games ont été organisés à travers l’Europe, par exemple en 2016 à Amsterdam.

Quelle forme prendront les Climate Games?

L’année passée, nous avons organisé des journées d’action décentralisées. Plus de 20 actions ont eu lieu en même temps dans différentes parties de la ville: collage d’affiches, blocage d’un rond-point, ou encore action dans le musée d’art contre le Crédit Suisse, qui finance la construction d’oléoducs. Cette diversité a fait la richesse des journées d’action et a permis à des gens très différents d’y participer.

Mais à la différence de l’année passée, vous organisez aussi une action de masse?

C’est exact. Pendant les journées d’action des 10 et 11 août 2018 aura lieu une action de désobéissance civile dans le port pétrolier à Bâle. Nous voulons nous opposer à l’industrie des énergies fossiles et couper le robinet du pétrole.

Pourquoi dans le port pétrolier?

Le port pétrolier de Bâle joue un rôle central dans l’utilisation des énergies fossiles en Suisse. Plus d’un tiers des hydrocarbures consommés en Suisse sont importés par les Ports of Switzerland. Leur transport entraîne des destructions environnementales et des violations des droits humains.

Pourquoi une action de désobéissance civile?

Nous pensons que la désobéissance civile est une forme d’action légitime pour lutter contre la destruction de l’environnement. Car l’industrie des énergies fossiles exploite ces ressources depuis des décennies en sachant que cela cause des crises écologiques et humanitaires.

Vous organisez aussi un camp du climat. Qu’est-ce qui s’y passera?

Oui, c’est un point important. Du 3 au 13 août aura lieu un camp du climat à Bâle. Il y aura des soirées de discussion et des ateliers sur des thèmes liés à l’écologie et des stratégies de lutte. Il y aura aussi des Aktionstrainings, un atelier de bricolage et un soutien juridique. Des activistes expérimenté·e·s pourront partager et transmettre leur savoir. Il y aura assez de place pour installer des tentes et des repas seront servis chaque jour. De plus, nous mettons en place un programme pour enfants. Ainsi, le camp n’est pas seulement un endroit pour se préparer aux journées d’action, c’est aussi un lieu convivial.

Quelle est la part de responsabilité de la Suisse dans le domaine du changement climatique?

La Suisse fait partie des pays qui ont une grande responsabilité. Sa consommation d’énergies fossiles est très élevée et des grandes entreprises très polluantes sont domiciliées sur son territoire. Comme tous les pays industrialisés, la Suisse dépend encore largement des importations de produits pétroliers: 52% de notre consommation d’énergie provient d’énergies fossiles. Notre vie quotidienne est très dépendante du pétrole: des moteurs à combustion à la production d’engrais, en passant par le transport. La Suisse s’est engagée dans le cadre des négociations climatiques à limiter le réchauffement à 1,5°C. Malgré les déclarations d’intentions, le gouvernement n’a pas encore présenté une stratégie permettant de sortir des énergies fossiles avant 2050. Cela doit changer.

Quelles sont vos revendications?

Tandis que les pays riches sont les grands responsables du changement climatique, ce sont les femmes et les hommes du Sud qui en souffrent le plus. La crise climatique n’est pas seulement un problème écologique. C’est aussi un problème social qu’il faut affronter en réduisant l’inégalité, en redistribuant les ressources et en démocratisant la vie.

La lutte pour une autre politique climatique est donc aussi une question de solidarité internationale. C’est dans ce sens que nous demandons la fin de l’exploitation de la planète, des animaux et des êtres humains. Nous luttons pour la sortie des énergies fossiles, le passage à des énergies renouvelables et une économie démocratique et solidaire. C’est pour cette raison que nous avons repris le slogan de plusieurs mouvements écologistes dans le monde: «Changeons le système, pas le climat!»

Propos recueillis pour soldaritéS par Guy Rouge