Corbyn et l'antisionisme

La droite et les médias britanniques s’acharnent contre Jeremy Corbyn depuis son élection à la tête du parti travailliste. Leurs dernières accusations portent sur son prétendu antisémitisme.

Jeremy Corbyn a régulièrement été accusé d’antisémitisme ou, du moins, de le laisser fleurir à l’intérieur du parti. Son soutien au peuple palestinien est présenté comme une haine contre les Juifs·ves, et ce malgré son implication de longue date dans l’antiracisme, entre autres au côté de la communauté juive londonienne. Ces accusations sont d’autant plus infondées que les recherches des organisations juives britanniques montrent que les cas d’antisémitisme dans le parti travailliste ont diminué sous Corbyn. Elles montrent également qu’il y en a plus dans les partis de droite, qui ne sont pourtant pas inquiétés.

Les accusations les plus récentes se sont centrées sur le refus du parti d’adopter dans la définition officielle de l’antisémitisme des clauses qui font l’amalgame entre les Juifs·ves et Israël. Cet amalgame, courant dans les milieux d’extrême droite, est aujourd’hui défendu par la direction des organisations sionistes en Grande-Bretagne avec pour but de délégitimer les mouvements pro-palestiniens. Sous pression et isolé, le parti travailliste a fini par céder et son comité national a voté les clauses.

Cette défaite en dit long sur la situation politique en Grande–Bretagne. Si l’effervescence qui a entouré l’élection de Corbyn s’est traduite en adhésions, dans la rue et dans les lieux de travail, la mobilisation reste basse. Ceci pose des questions sur la possibilité d’un futur gouvernement Corbyn.

La tâche pour la gauche en Grande-Bretagne, dans le parti travailliste ou non, est de traduire la radicalisation électorale en mobilisations actives. Sans cela, le projet Corbyn est voué à l’échec. Cet été, le mouvement palestinien a goûté aux fruits amers de notre faiblesse collective. Il s’agit maintenant d’éviter que d’autres aient à en faire de même.

Sai Englert