Suède

Suède : La xénophobie au service de la casse sociale

Les élections du 9 septembre ont vu le parti des Démocrates de Suède (SD) progresser très nettement et recueillir 17,5% des voix et 63 sièges sur les 349 que compte le parlement. Les partis de gauche sont en tête, mais ils n’ont pas reconquis une majorité. Les tractations pour le prochain gouvernement s’annoncent complexes.


Jimmie Åkesson, chef du parti des Démocrates de Suède

Si les membres du SD – parti d’extrême droite xénophobe – ont atteint des résultats en dessous des pronostics, ils ne continuent pas moins leur ascension fulgurante. Depuis que le parti a fait son entrée au parlement avec 5,7% des voix en 2000, il n’a cessé de progresser.

Le parti social-démocrate a pour sa part maintenu sa position de premier parti du pays, mais il réalise son plus mauvais score depuis 1911, avec 28,3% des voix. Les Verts sont tout juste parvenus à se maintenir avec 4,4% alors que le Parti de gauche, issu de l’eurocommunisme, progresse de 2,3% pour atteindre 8%. À l’arrivée, la gauche compte 144 député·e·s et ne dépasse que d’un siège la coalition de droite (Modérés, Chrétiens-démocrates, Parti du centre et Libéraux).

Ces résultats serrés rendront difficile la formation du futur gouvernement. Le «modèle suédois» est entré en crise. Il faut dire que l’État social a été largement démantelé ces dernières années. Bien que le niveau de vie reste élevé en comparaison internationale, les inégalités se sont creusées de manière spectaculaire. Une situation que l’extrême droite a exploitée à merveille. Elle a fait du «modèle social suédois» un marqueur identitaire qui aurait été nécessairement remis en cause par l’arrivée de migrant·e·s. Les élections se sont ainsi résumées à un choix simple: plus d’immigré·e·s ou plus d’État social.

Si la social-démocratie européenne cite encore régulièrement la Suède en exemple, c’est surtout la bourgeoisie qui cherche aujourd’hui à s’en inspirer. La vitesse et l’efficacité du démantèlement des services publics sont un modèle du genre. Pour y arriver, la bourgeoisie suédoise s’est appuyée, entre autres, sur la montée de la xénophobie qu’elle a auparavant alimentée, véritable bélier des politiques néolibérales. Un cas d’école.

Jean Burgermeister