Les flammes de l'austérité ravagent le Musée de Rio de Janeiro

Comme l’analysaient nos camarades du PSOL (gauche radicale brésilienne) dans la revue Movimento: «Plus qu’un incendie, un crime. Ainsi pourrait se définir l’incendie du 2 septembre qui a détruit le Musée national. Aucune autre tragédie n’aurait pu refléter aussi bien la profonde crise politique que traverse le Brésil.»

Considéré comme le plus grand musée d’Histoire naturelle d’Amérique Latine, ses trois étages conservaient 20 millions de pièces de valeurs dont l’un des plus anciens squelettes humains (vieux de onze mille ans), des momies égyptiennes, des squelettes de dinosaures ou encore une bibliothèque composée de 500000 livres. Sa destruction quasi-totale (90% des collections) est une perte inestimable pour l’humanité toute entière. Le lendemain, 15000 personnes se sont rassemblées pour dénoncer des pouvoirs publics prêts à débloquer des milliards pour la Coupe du Monde 2014 et les JO 2016, mais refusant d’investir dans l’éducation et la culture.

Une tragédie annoncée: «coupes budgétaires = incendie», pouvait-on lire sur la banderole d’un manifestant. Depuis plusieurs années, le musée était victime des politiques d’austérité; en 2015 il avait même dû fermer ses portes faute de pouvoir payer son personnel. L’actuel président Michel Temer a donné le coup de grâce en amputant son budget de 85%. Ces coupes drastiques ont obligé la direction du musée à mettre au second plan ses problèmes de maintenance: installations électriques défectueuses, détecteurs de fumée et bouches d’incendies hors d’usage, extincteurs inexistants. Des dysfonctionnements pourtant pointés du doigt par la direction depuis plusieurs années. Cadeaux fiscaux pour les super riches, tragédies pour nous, ici et ailleurs, luttons contre ces politiques d’austérité qui détruisent notre passé et sacrifient notre avenir!

Jorge Lemos