Changer d'école?

À l’occasion de l’initiative «Pour une école équitable et efficiente», nous avons rencontré Jacques Bouvier, membre du comité de la Fédération des Associations de Parents d’Élèves de Neuchâtel.


Conférence de presse de lancement de l’initiative, 14 août 2018

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’initiative «Pour une école équitable et efficiente»?

Les 20 000 élèves neuchâtelois·es sont réparti·e·s en sept cercles scolaires où les élèves fréquentent les trois cycles de l’école obligatoire. L’État fixe les lignes directrices des contenus, mais les communes prennent les décisions. Ce qui pose problème, c’est qu’en fonction de votre commune de domicile, votre enfant ne sera pas soumis·e aux mêmes conditions que dans un autre cercle scolaire.

Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire pour les familles?

Les communes sont notamment en charge des mesures d’aide aux enfants en difficulté (heures de soutien), de certaines prestations (orthophonie et psychomotricité notamment) et aussi du nombre de classes qu’elles ouvrent, une classe étant payée à 55 % par la commune et 45 % par l’État. Si vous habitez une commune riche, votre enfant pourra bénéficier de tout un catalogue de mesures d’aide et être dans une classe à effectif raisonnable. Mais si vous habitez une commune pauvre, vous risquez de vite déchanter. Nous avons donc un enseignement à plusieurs vitesses, ce qui est intolérable.

D’où vient le problème d’après vous?

Depuis la régionalisation de 2011, les postes de direction et d’administration ont pris l’ascenseur. Elle a engendré 15 % d’augmentation de coûts, soit 42 millions, bien que ceux-ci sont aussi imputables à l’obligation de scolariser les enfants dès 4 ans, à l’introduction de l’anglais, etc. Les salaires des enseignant·e·s n’ont pas bougé et le nombre d’élèves a augmenté. Ainsi, même si les coûts supplémentaires de cette régionalisation se chiffrent à 21 millions, on reste songeur. Actuellement, ces coûts se perdent dans le dédale canton-communes, où on ne sait pas qui paie quoi et surtout combien.

Comment répondre à ce problème?

L’initiative demande au Canton de se remettre au travail pour réfléchir à l’efficience de l’école, pour que celle-ci soit en partie cantonalisée (par exemple, en ayant tout le personnel payé par l’État). Elle ne peut pas tout résoudre et ne prétend pas introduire une simple cantonalisation. Les économies ne doivent pas se faire sur le dos des enfants! L’égalité de traitement doit être respectée, car le tourisme scolaire a déjà commencé.

L’école est devenue différente en fonction des sensibilités politiques des conseillères et conseillers communaux et des directeurs. L’initiative est rédigée en termes généraux pour laisser la possibilité aux pouvoirs exécutif et législatif de proposer un contre-projet. Nous demandons à l’État de penser l’organisation de l’école jusqu’au bout. Nous ne voulons pas tout changer, mais nous appuyer sur un catalogue de bonnes pratiques pour ce qui existe déjà et faire en sorte que le slogan «un canton, un espace» s’applique aussi à nos jeunes et à l’école obligatoire.

Propos recueillis par Zoé