Vers la grève

Vers la grève : Elle gagne contre l'Hôpital de l'Île

Le 2 novembre, le magazine Beobachter a attribué le « Prix Courage » à une anesthésiste qui s’est battue pour de meilleures conditions de travail pour ses collègues et contre son propre licenciement.

Le conflit remonte à plus de quatre ans. En juin 2014, l’Hôpital de l’Île licenciait Nathalie Urwyler, médecin-cheffe d’anesthésiologie et thérapie de la douleur, en service depuis dix ans. Afin de mieux concilier travail et maternité, cette femme – qui jusque-là avait mené de front et à satisfaction une carrière d’anesthésiologiste, de chercheuse et de chargée de cours – avait demandé un ajustement de son poste après la naissance de son enfant. L’employeur avait refusé tout arrangement, exigeant la reprise de son poste à plein temps après le retour de son congé maternité. Il a congédié Natalie Urwyler prétextant une incompatibilité de vue, « une rupture de la relation de confiance ». En réalité, il espérait se débarrasser d’une battante qui a régulièrement dénoncé des discriminations et des conditions de travail dangereuses, et qui a notamment défendu des collègues enceintes qui devaient rester à leur poste 15 heures par jour ou travailler en radiologie, exposées aux rayons.

Convaincue que son licenciement était abusif et contraire à la loi sur l’égalité des droits entre femmes et hommes, Natalie Urwyler a entamé un long combat en portant l’affaire devant les tribunaux. Trois ans plus tard, le Tribunal régional Berne-Mittelland lui a donné raison. Son licenciement viole la loi fédérale sur l’égalité, il est abusif. À la suite d’un recours, l’employeur a été débouté par la Cour suprême de Berne qui confirme le premier jugement: le licenciement est annulé et l’Hôpital de l’Île est condamné. Il devra réengager cette employée et lui verser, en plus des arriérés de salaires, une indemnité pour tort moral.

À l’occasion du prix qu’elle a reçu, cette professionnelle hautement qualifiée a dénoncé le fait que de très nombreuses travailleuses sont aujourd’hui discriminées et maltraitées par leur employeur. « Je ne suis de loin pas la seule, et ça me fâche énormément ; j’aimerais vraiment que ce combat serve pour le futur, que ma fille et toutes les filles soient un jour jugées selon leurs compétences et non selon leur sexe. »

ME