États-Unis

États-Unis : Trump douché lors des élections de mi-mandat

Les élections de mi-mandat ont constitué un revers pour Donald Trump: le Parti démocrate a remporté la majorité de la Chambre des représentant·e·s en prenant 26 sièges aux républicains.

Le Parti républicain a néanmoins gagné trois sièges au Sénat, renforçant sa majorité de 51 à 54 sénateurs et sénatrices sur 100, même si certains résultats ne sont pas encore définitifs. Les démocrates ont aussi remporté sept nouveaux postes de gouverneur·e, dont le Wisconsin et le Kansas, qui étaient tenus par deux gouverneurs de l’aile droite du Parti républicain.

Ces élections ont connu la plus forte participation de ces 50 dernières années avec 48,1% de votant·e·s, et ce malgré de nouvelles lois dans les États républicains qui ont refusé le droit de vote à des centaines de personnes, en majorité noires, latinos et jeunes.

Trump a fait campagne avec rage, participant à 17 meetings pour soutenir des candidat·e·s au Sénat. Il a centré son discours sur l’immigration et menacé la caravane de migrant·e·s d’Amérique centrale, qui se dirige depuis plusieurs semaines vers les États-Unis. Il l’a qualifiée d’« invasion », traité les migrant·e·s de « criminels haineux » et a sous–entendu qu’il y avait des terroristes parmi elles·eux. Trump a aussi prétendu que les démocrates étaient derrière le groupe. Il a menacé d’envoyer 15 000 soldats à la frontière et a autorisé les soldats à tirer si les migrant·e·s jetaient des pierres.

La campagne des démocrates s’est pour sa part surtout focalisée sur le système de santé. Ils et elles ont promis de défendre la loi pour une santé abordable, connue sous le nom d’Obamacare. La plupart des démocrates ont évité les autres thématiques, notamment celle de l’immigration.

L’impact des femmes

Les femmes ont joué un rôle extraordinaire dans ces élections: pour la première fois de l’histoire, on comptera 100 femmes au Parlement et 118 au Congrès, dépassant le précédent record de 107. Celles qui ont été élues au législatif sont pour la grande majorité issues du Parti démocrate. La victoire de ce Parti au Parlement a été obtenue grâce aux femmes de classe moyenne des périphéries urbaines, dont le vote est passé des républicains aux démocrates. Environ 49% des femmes blanches ont voté pour le Parti démocrate, alors qu’elles n’étaient que 43% lors de l’élection de 2016.

Les élues constituent le groupe le plus divers de l’histoire, dont les démocrates Sharice Davids, première Amérindienne lesbienne à être élue, Rashida Tlaib, une Palestino–américaine et première femme musulmane à entrer au Congrès, et Ilhan Omar, une ancienne réfugiée somalienne. Il reste que seul·e·s 25% des candidat·e·s n’étaient pas blanc·he·s, alors que 35,5% de la population du pays est non blanche. Et même si les candidat·e·s venaient d’horizons divers, la plupart d’entre eux et elles n’ont pas abordé de problématiques progressistes.

Les démocrates de gauche n’ont pas joué de rôle significatif dans les victoires du Parti démocrate. Ensemble, ils et elles ont seulement gagné une demi-douzaine de sièges sur un total de 435 districts. Les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), avec de nombreuses autres organisations progressistes, ont soutenu des candidat·e·s comme Alexandria Ocasio Cortez et Rashida Tlaib, qui ont toutes deux été élues. Le DSA a aussi appuyé cinq candidat·e·s qui ont été élu·e·s comme législateurs et législatrices – mais sur 7383, c’est bien peu. Aussi, bien que ces élections soient des victoires pour la gauche, il faut s’avouer que ce ne sont que de petites victoires.

Quelles politiques?

Que fera la majorité démocrate au sein des Chambres des représentant·e·s? Premièrement, les démocrates utiliseront leur majorité pour empêcher l’abrogation et le remplacement de l’Obamacare, promis par Trump, ainsi que d’autres initiatives républicaines. Deuxièmement, les démocrates ouvriront des enquêtes sur Trump, sur les personnes qu’il a nommées, et sur les organismes auxquels elles appartiennent, ceci pour investiguer ce qui se présente comme une corruption généralisée de l’administration républicaine. Troisièmement, la Chambre démocratique pourrait destituer Trump, ce qui mènerait à son procès dans un Sénat certes contrôlé par les républicains, mais qui forcerait tout de même le président à consacrer beaucoup de temps à se défendre.

Alors que l’élection a été une douche froide pour Trump et une victoire pour les démocrates, la gauche n’a pas marqué ces élections de son empreinte. Notre tâche demeure la même: construire les mouvements ouvriers, syndicaux et sociaux et une force politique de gauche.

Dan La Botz

Traduction: Pierre Raboud et Kelly Harrison