La « Grande Démission » : une mobilisation ouvrière

Au cours des derniers mois, environs quatre millions de travailleur·euses étatsunien·ne·s ont quitté leur emploi. Et la tendance à dire : « Je démissionne ! » se poursuit.

Des employés de McDonalds demandent un salaire minimum
Des employé·e·s de McDonalds ont fait grève dans plusieurs restaurants du pays dans le cadre du « Striketober ». Caroline du nord, 26 octobre 2021

Les travailleurs·euses démissionnent parce que leurs salaires sont trop bas, parce que leurs conditions de travail sont dangereuses, ou simplement parce qu’ils·elles veulent une vie différente, une vie meilleure. Ils·elles veulent être heureux·ses.

La cause de cette « Grande Démission », comme on l’a appelée, est la récession liée au Covid. L’économie s’est contractée de 32 % et le taux de chômage officiel a atteint 15 %. Ceux·celles qui avaient encore un emploi travaillaient parfois dans des conditions insalubres, sans équipement de protection individuelle approprié ni distanciation sociale, tandis que d’autres travaillaient à domicile avec leur propre ordinateur, souvent entouré·e·s d’enfants. Certain·e·s travailleurs·euses, dans des secteurs où la demande était forte se sont tout simplement épuisé·e·s au travail. Lorsque les employeurs ont rappelé les travailleurs·euses au bureau, certain·e·s ont démissionné.

Un goût de liberté

Pendant plusieurs mois, nombre de chômeurs·euses ont reçu des allocations des États et des aides fédérales dont le montant était parfois égal ou supérieur à celui de leur faible salaire. Et ainsi, une première pour certain·e·s, ils et elles ont eu des congés payés. Aux États-Unis, il n’existe pas de loi nationale régissant les vacances. Aussi terrible qu’ait été la récession du Covid, les allocations chômage des États et du gouvernement fédéral ont donné à certain·e·s travailleurs·euses leurs premières vraies vacances, un goût de liberté.

Pour des millions de travailleurs·euses, les salaires sont notoirement bas. Depuis plusieurs années, certains syndicats se sont engagés dans une lutte pour obtenir un minimum de 15 dollars de l’heure. Plusieurs mouvements locaux dans certaines villes et États ont été couronnés de succès mais ce n’est pas encore le cas au niveau national. Les bas salaires restent une source majeure de mécontentement conduisant les travailleurs·euses à quitter leur emploi.

Résultat : la hausse des salaires

Le principal résultat de la « Grande Démission » est la hausse des salaires, les employeurs cherchant à attirer les travailleurs·euses. Les salaires ont atteint une moyenne de 31 dollars de l’heure en août, soit une augmentation annuelle de 4,3 % et un record absolu.

Le Covid a transformé la culture étasunienne du travail à bien des égards. La fin des programmes d’aide fédéraux et peut-être un jour la fin du Covid, auront de nouvelles conséquences. Pour l’instant, les travailleurs·euses démissionnent parce qu’ils et elles veulent être plus heureux·ses au travail. Rien n’est peut-être plus radical, si ce désir peut être transformé en une action de masse plus consciente et plus collective.

Dan La Botz
Traduction Henri Wilno pour L’Anticapitaliste nº 587. Adaptations de notre rédaction.