Dans les bacs

Un sergent… pas comme les autres!

Après Viva el Sargento (1997), l’extraordinaire Un Poquito Quema’o (1999) et Sin fronteras (2001), Sergent Garcia, qui s’est récemment illustré par sa chanson diffusée librement sur internet «Stop Da War», sort un quatrième CD enregistré entre Santiago de Cuba, Paris et la Jamaïque. Pas étonnant pour ce joyeux troubadour, dont le salsa-muffin revendicatif fait aujourd’hui référence dans le milieu altermondialiste. La Semilla Escondida, album très proche des précédents, n’étonnera donc pas les habitués qui se délecteront une fois de plus de l’humour piquant et militant de celui qui prétend être «le véritable arrière, arrière, arrière-petit-fils du véritable Sergent Garcia»…

A l’occasion de la sortie de La Semilla Escondida, le 30 septembre dernier, 300000 graines de café Max Havelaar, en provenance d’une coopérative de producteurs péruviens, ont été distribuées à la sortie des magasins de la région Ile de France, incitant les consommateurs et les consommatrices à porter leur choix sur les produits du commerce équitable. Parmi ces 300000 graines de café, il y en avait une, malicieuse, qui était colorée… Celle ou celui qui a eu la chance de trouver la Semilla Escondida (la graine cachée) a pu partir découvrir la ville de Barcelone, chère à ce brave Sergent antimilitariste.

Sergent Garcia sera en concert le 12 décembre 2003 au centre culturel Ebullition à Bulle et le 13 décembre 2003 à l’Undertown de Meyrin, à Genève.

Rickie Lee Jones

Trop souvent présentée comme «la copine à Tom Waits», Rickie Lee Jones gagne indéniablement à être connue pour elle-même. Il suffit de penser à ses deux premiers albums Rickie Lee Jones (1979), sur lequel on trouve sa fameuse chanson «Chuck E’s In Love», et Pirates (1981) pour s’en convaincre: du folk jazzy des plus plaisant, parfois déroutant…

The Evening of My Day signe l’heureux retour de cette rebelle intimiste, à la fois douce et rugueuse, après six années d’absence, excepté un album live (Live at Red Rocks, 2001) et un autre de reprises (It’s Like This, 2000). Et quel retour! Face à l’évolution de la société étasunienne depuis l’arrivée de Bush junior au pouvoir, la blueswoman renoue avec la grande tradition de la protest song, empreinte de tendresse, mais sans concession. Le 7 octobre dernier, date de la sortie de The Evening of My Day, Rickie Lee Jones a lancé sa tournée avec un concert à New York pour la paix et la liberté d’expression, lors duquel elle a réaffirmé ses convictions socialistes et libertaires. L’égérie ténébreuse du folk re-prend de la voix, pour le plus grand bonheur de celles et de ceux pour qui la musique et la chanson sont un art qui a et donne du sens.

Asian Beat

Avec son cinquième opus, Human, Nitin Sawhney nous livre un chef-d’œuvre comparable à son précédent CD Prophesy et confirme son évolution vers un groove plus éclectique que celui – plus «ethno» – caractérisant ses deux premiers disques (Migration et Displacing the Priest). Artiste engagé, Nitin Sawhney n’a eu de cesse de lutter contre la guerre et le racisme et de prôner des relations fraternelles, fondées sur le respect de l’autre et de ses différences, entre les femmes et les hommes, de quelqu’horizon qu’ils soient. Human est une des meilleures sortie de cet été, qui confirme la grande qualité artistique de ce jeune métis culturel. Celles et ceux qui apprécient Nitin Sawhney se régaleront à l’écoute du tablatiste Talvin Singh, considéré comme le «pape» de l’Asian Beat depuis la sortie de Soundz of the Asian Underground (1997). Avec son dernier album Vira (réalisé en 2002 avec le flûtiste Rakesh Chauraisa, autre habitué de la scène underground londonienne), il effectue un retour à un style indien plus classique, délaissant la drum and bass et se rapprochant du chill out. Un délice!

Soul érotique

Qui n’a pas, un jour, fredonné «What’s Going On» (1971) ou «Let’s Get It On» (1973) au détour d’une soirée? Qui ne s’est pas laissé emporté par l’air de «Sexual Healing» (Midnight Love, 1982)? Marvin Gaye est une des plus grande figure de la soul et son album avec Diana Ross (Marvin and Diana, 1973) reste parmi ses plus grands chef-d’œuvres. Motown réédite aujourd’hui – en version deluxe – I Want You, album mythique sorti le 16 mars 1976 sur lequel Marvin Gaye interprète des maquettes du jeune auteur-compositeur Leon Ware. Sensuel et sexuel, I Want You est à la fois l’expression de l’adoration et du désespoir. Les prises inédites qui agrémentent ce double CD laissent entrevoir un Marvin Gaye torride comme rarement on l’a connu…

A noter la réédition simultanée, toujours chez Motown, de Musical Massage de Leon Ware, qui s’est vu obligé, à l’époque, de retourner en studio pour composer de nouveaux morceaux afin de remplacer ceux pris par Gaye et boucler son propre album. Cette réédition est agrémentée de cinq titres interprétés par Marvin sur I Want you, qui avaient préalablement déjà été enregistrés par Ware lui-même. Les amatrices et amateurs de soul ne seront pas déçus…

Erik GROBET