COP24
COP24 : Écartons les pollueurs des négociations climatiques
Nous reproduisons des extraits d’un article de Maxime Combes d’ATTAC France, paru le 16 décembre. Il est notamment question du danger que pose la présence des principaux pollueurs à la COP24, en qualité de sponsors.
Depuis la signature de l’accord de Paris en décembre 2015, 90% des 200 plus grandes multinationales de la planète ont mené des actions de lobbying contre les politiques climatiques.
Face à cela, ATTAC propose que les lobbys industriels et des énergies fossiles soient exclus de tous les espaces de négociation et de décision sur les enjeux climatiques. Confierait-on la lutte contre le tabagisme aux cigarettiers? Celle contre la délinquance routière aux chauffards? Non. Or certains des principaux pollueurs de la planète sont régulièrement les sponsors des conférences internationales sur le climat.
Jastrzebska Coal Company (JSW), premier producteur de coke (charbon) de l’Union européenne, est ainsi le plus important partenaire officiel de la COP 24, aux côtés de PGE et de Tauron, producteurs d’électricité à base de charbon et de gaz. Pour financer la COP 21 de 2015 à Paris, Engie, Renault-Nissan, Suez, BNP-Paribas, Air France, EDF – des multinationales françaises parmi les plus polluantes – faisaient partie des 56 sponsors privés.
Alors que près de 70% des émissions de gaz à effet de serre lâchées depuis 1988 sont de la responsabilité d’une centaine d’entreprises, ces pollueurs disposent d’un statut d’observateurs dans les COP qui leur permet d’être au plus près des négociations officielles. À la COP 24, Chevron, Shell et le lobby européen du gaz (Total, Engie, etc.) disposent ainsi, via l’Association internationale des marchés carbone (IETA en anglais), d’un espace d’activités leur permettant de présenter leurs technologies industrielles – inefficaces et dangereuses par ailleurs – et les marchés carbone – défaillants – comme des instruments suffisants pour faire face au défi climatique. Résultat? En plus de 25 ans de négociations, aucun État ou institution internationale n’a jamais proposé de limiter la production de charbon, de gaz ou de pétrole, et il n’a jamais été possible de définir des mécanismes visant à réduire l’exploitation des énergies fossiles.
Ce lobbying de l’ombre s’accompagne en général de grands efforts de communication pour tenter de verdir leur image. Écoblanchiment et lobbying vont de pair ; ce sont les deux faces d’une stratégie visant à éloigner toute velléité de régulations contraignantes sur leurs activités polluantes.
L’industrie du tabac et ses lobbys sont désormais interdits des enceintes où se discutent les politiques internationales de lutte contre le tabagisme. Pourquoi n’en serait-il pas de même en matière de climat? Il y va de l’intérêt général et de la capacité à prendre des décisions. Pour qu’au principe du « pollueur écouté, pollueur exaucé » se substitue le principe du « pollueur écarté, pollueur régulé ».
Maxime Combes
Coupes et adaptations de la rédaction
Article complet sur europe-solidaire.org