La jeunesse prend conscience de sa force

C’est une mobilisation inédite et exceptionnelle à laquelle plus de 22 000 élèves des collèges, des écoles professionnelles et des gynmases ont participé en Suisse romande le 18 janvier. Ils·elles étaient plus de 10 000 à Lausanne, 5000 à Genève, 1500 à Neuchâtel et 1000 à Fribourg à se mettre en grève pour le climat. Il s’agissait pour beaucoup de leur première manifestation, et ils·elles n’ont pas manqué d’enthousiasme pour scander leur colère face à l’inaction des politiques quant aux questions climatiques.

Les slogans ornant les banderoles et pancartes dessinées à la main et pleines de couleurs vives n’avaient rien de candide. Elles pointaient du doigt de manière unanime le système capitaliste comme responsable de la crise climatique.

C’est uni·e·s que collégien·ne·s, apprenti·e·s et gymnasien·ne·s ont chanté et hurlé de toutes leurs forces pour demander des comptes et des mesures concrètes. Ils·elles ont principalement réclamé que l’écologie soit placée au cœur des préoccupations de nos sociétés. C’est donc lucide quant au fait que l’unique solution consiste en un changement de système que la jeunesse a battu le pavé des capitales suisses.

Cette grève fait partie d’un mouvement plus large, né à la suite du discours d’une Suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, à la COP 24. Celle-ci s’est adressée aux responsables politiques en ces termes: «Si les solutions au sein de ce système sont si impossibles à trouver, alors nous devons changer de système. Nous ne sommes pas venu·e·s ici pour supplier nos dirigeant·e·s de s’en soucier. Vous nous avez ignoré·e·s hier, vous nous ignorerez demain. Vous n’avez plus d’excuses, nous, nous n’avons plus de temps. Nous sommes venu·e·s vous dire que le changement arrive, que vous le vouliez ou non. Le vrai pouvoir appartient au peuple.» Ses paroles ont mis le feu aux poudres et, dès le lendemain, des grèves ont commencé partout en Europe.

Le réveil d’une jeunesse plus consciente que jamais de l’urgence climatique démontre qu’une génération entière est prête à se soulever pour sauver son avenir. Et comme elle l’a montré avec cette grève, la jeunesse n’est pas dupe: c’est le système actuel dans son entier qu’il faut repenser.

Le capitalisme ne peut pas être «vert», le développement ne peut pas être «durable» et les politiques de nos gouvernements actuels ne servent pas l’intérêt du plus grand nombre. Il est vital de repenser notre manière de produire, de distribuer et de consommer. La crise climatique n’est que la conséquence d’un système qui vise l’accumulation du profit au détriment de la vie humaine. Le système capitaliste nous mène à notre propre perte. Nous ne pouvons plus rester passifs et passives.

Cette jeunesse prend conscience de sa force et elle semble s’engager résolument sur le terrain de la justice climatique, comme l’indiquaient certaines pancartes. La lutte continue car elle est globale. Et la grève est un outil nécessaire dont il faut s’emparer sans vergogne, comme le feront d’ailleurs à nouveau les femmes le 14 juin 2019. La convergence des luttes est primordiale, parce que l’enjeu est transversal, et les conséquences et les implications sont capitales. La grève climatique menée par la jeunesse ne doit pas demeurer isolée et sans suite.

S’il y a bien un enseignement à tirer de cette première grève climatique, c’est qu’il est temps d’écouter la jeunesse et de lutter à ses côtés pour sa vie et son avenir.

Donna Golaz