Lex Maudet contre laïcité de l'Etat
La loi impulsée par Maudet en matière de «laïcité» (LLE) rencontre de fortes résistances. Nouvelles de la campagne en vue du vote du 10 février.
L’autre jour, trois églises chrétiennes institutionnelles genevoises ont déclaré leur soutien à la LLE. «Nous acceptons cette loi et espérons que l’Islam fasse le pas», a dit le modérateur de la compagnie des pasteurs. Mais ces églises disent aussi «regretter des champs de tension, notamment la question des signes extérieurs religieux» et reconnaissent que cette disposition «a été votée de manière ciblée contre la communauté musulmane» (20 Minutes, 15 janvier 2019). Celle-ci devrait donc tendre chrétiennement l’autre joue? C’est un peu fort de café.
Comme l’est d’ailleurs l’attitude de partisan·e·s de la loi qui concèdent régulièrement que diverses dispositions de celle-ci sont problématiques, mais pensent qu’il faut la voter «quand même» pour signaler une adhésion à tel bon sentiment qu’elle contient ou à telle mesure non controversée qu’elle prévoit. En réponse sur ce point, nous présenterons sous peu quelques propositions législatives concrètes, en reprenant, par exemple, les dispositions non controversées sur les aumôneries des prisons, appelées à tomber avec le non à la loi.
Les questions qu’on ne pose pas
À signaler encore que nos adversaires ont voulu marquer des points en se gargarisant de l’opposition personnelle d’une partisane du camp référendaire au mariage homosexuel qu’une journaliste est allée déterrer. Dans le collimateur, une femme portant le voile et toute désignée pour servir d’épouvantail aux islamophobes comme chantre d’une position «réactionnaire».
On ne voit pas bien en quoi l’idée de dévoiler de force cette élue en plénière du municipal de Meyrin la rendrait plus «progressiste» sur ce point. Mais surtout l’idée n’a effleuré personne de questionner, par exemple, l’opposition déclarée de Pierre Maudet, partisan en vue de la loi, à une extension de la norme pénale antiraciste à l’homophobie (voir le dossier de mars 2018 de la revue 360°) ou de demander à un·e représentant·e de l’Église catholique genevoise, qui soutient la loi, quelle était sa position sur le mariage homosexuel.
C’est sans rapport direct avec la loi, certes, mais pour les partisan·e·s islamophobes de la loi, il est normal que ces questions «sans rapport» soient agitées quand une femme musulmane s’exprime. Par contre, les plus traditionalistes des «chrétien·ne·s» ont droit, dans ce cadre, à l’immunité totale sur leurs positions discutables en matière de droits de personnes LGBTIQ*. Une démonstration du parti-pris discriminatoire qui inspire la loi que nous combattons.
Un bravo s’impose enfin pour la conseillère administrative d’Onex, Carole-Anne Kast du PS, qui a dit que si la loi passe, elle refusera d’exécuter les licenciements qu’elle impliquerait pour ses employées municipales. PV