Une vision qui ne tient pas la route
D’année en année, la population suisse passe plus de temps dans des bouchons qui sont surtout le résultat de la mobilité pendulaire.
Les pendulaires qui utilisent la voiture mettent de plus en plus de temps à se rendre au travail, un temps contraint qui n’est pas compensé par le salaire et se fait au détriment des engagements associatifs, sociaux ou familiaux.
Au lieu d’analyser les raisons et les conditions de la mobilité pendulaire (des distances toujours plus importantes entre lieu de domicile et de travail), le Conseil fédéral prône une politique des petits pas en cherchant à «améliorer» la situation pour les automobilistes. Sa proposition? Élargir à six voies les autoroutes qui relient les centres urbains. Entre ces centres, il existe pourtant déjà un réseau de transports publics bien développé et l’usage de la voiture y est moins nécessaire.
Il faut bien sûr réduire le temps que passent les gens dans leurs voitures, mais ce n’est pas en construisant plus de routes qu’on y parviendra. Partout où cette stratégie a été appliquée, le nombre de voitures a augmenté et, après un ou deux ans, les voies étaient aussi congestionnées qu’auparavant.
Par ailleurs, élargir les routes est une aberration écologique. La mobilité est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse. Et en fractionnant le paysage, les autoroutes compliquent le passage des animaux sauvages et contribuent aux pertes massive de biodiversité.
La seule solution est de réduire les distances que nous parcourons. Plusieurs projets peuvent être envisagés: premièrement, il faut favoriser les quartiers durables, qui réunissent logements abordables, espaces verts, lieux de travail et services. C’est ce que prévoit l’initiative contre le mitage. Une telle densification, accompagnée d’une diminution du temps de travail, permettrait de réduire les frais de transport et de libérer du temps pour d’autres activités, tout en améliorant nos qualités de vie. Cette densification faciliterait aussi la connectivité des réseaux de transports publics. Deuxièmement, il faut promouvoir la gratuité des transports publics, qui garantit un accès libre aux déplacements. Troisièmement, toutes les institutions au niveau fédéral, cantonal et communal doivent collaborer pour repenser le travail et rendre la réduction des déplacements prioritaire. Or l’assurance chômage, par exemple, juge aujourd’hui convenable qu’un trajet ne dépasse pas les quatre heures par jour, forçant les personnes à une mobilité excessive. Ce genre de pratique doit être stoppé.
Le 10 février, votons pour une mobilité durable! Votons oui à l’initiative contre le mitage!
Franziska Meinherz