Grève des employés de ONET

Depuis le mardi 11 février 2018, une nouvelle grève est en cours dans le secteur du nettoyage. Représentés par le syndicat SIT, les travailleurs de l’entreprise ONET responsables du nettoyage des toilettes publiques dénoncent un licenciement d’un employé en raison de ses activités syndicales, une sous-déclaration LPP, et une flexibilisation de la durée du travail aboutissant à des baisses de salaires. Trois questions à Merita Elezi, secrétaire syndicale du SIT en charge du secteur du nettoyage.

Quelle est la situation actuelle à Genève dans le secteur du nettoyage?

La CCT du nettoyage, qui prévoit une protection minimale seulement, est régulièrement détournée. Les travailleuses et travailleurs du secteur ont décidé de dire stop à cette précarisation et ces abus. La commission paritaire n’est actuellement pas en mesure de contrôler et sanctionner avec la réactivité nécessaire les entreprises tricheuses.

Quelles sont les spécificités de cette grève?

Il faut réaliser qu’on parle d’une entreprise présente dans 8 pays et employant 58 000 collaboratrices et collaborateurs, qui s’enrichit sur le dos des travailleuses et travailleurs en pratiquant des conditions abusives. L’entreprise ONET s’est vu déléguer une tâche étatique avec l’externalisation des services de nettoyage. La Loi sur les Marchés publics s’applique à ce contrat, et la responsabilité de la Ville de Genève est engagée. Il est inacceptable que les économies de la Ville se répercutent sur les travailleurs et leurs conditions de travail. C’est pourquoi les travailleurs ont également interpellé les magistrats de la Ville.

Il faut souligner aussi la solidarité entre les travailleurs grévistes: mener une grève n’est pas facile, surtout dans une situation déjà précaire. Les travailleurs demandent en priorité l’annulation du licenciement de leur collègue. L’exercice des droits syndicaux est primordial, et les agissements d’ONET les bafouent.

Quel lien avec la campagne intersydicale pour la réintégration des nettoyeuses des bâtiments publics dans la fonction publique?

Cette campagne de réinternalisation dans les bâtiments de l’État doit être élargie à la Ville de Genève mais également à toutes les autorités communales: il s’agit de la seule solution permettant de mettre un frein net et définitif à la précarisation des nettoyeuses et nettoyeurs à Genève. Car aujourd’hui elles et ils sont victimes d’un côté des restrictions budgétaires des administrations publiques mais aussi des sociétés de nettoyage qui se font des bénéfices sur leurs dos.

Propos recueillis par Léonie Trost