Le nucléaire pour sauver le climat


La centrale de Leibstadt, entre Bâle et Zurich – Falk Ladenmann

Le nucléaire est vendu comme une panacée face à la crise climatique. Le directeur de l’USAM, Hans-Ulrich Bigler, élu PLR et président du Forum nucléaire suisse, déclarait l’autre jour «Si l’on veut atteindre les objectifs de réduction de CO2 […] il est nécessaire de produire de l’électricité atomique.»

En face, on lit souvent le rappel que la part du nucléaire dans la production globale d’énergie est seulement de 2%, 10% pour ce qui est de l’électricité, que les coûts du nucléaire explosent, qu’il faudrait un scénario irréaliste économiquement de multiplication du parc atomique pour avoir un impact sérieux, que cela demanderait des ressources mieux allouées aux renouvelables et aux économies d’énergie.

Mais ces réfutations, valables, ont l’effet pervers de reléguer à l’arrière-plan les faits rendant le nucléaire inacceptable en lui-même: des pollutions radioactives massives de la mine aux déchets, au risque croissant de catastrophes dont Tchernobyl et Fukushima sont précurseurs.

Ce débat sur l’avenir ou non de l’atome émousse l’urgence de la sortie du nucléaire «réellement existant». Satisfait·e·s d’emporter le combat contre les milliers de centrales hypothétiques imaginées pour pallier à la catastrophe climatique, on ne pose guère d’exigences politiques pour éviter la prochaine catastrophe nucléaire. Pendant ce temps, à Leibstadt, on découvre la falsification pendant des années de données concernant la sécurité de la centrale ; et en France on va «renationaliser» la filière atomique pour qu’elle «tienne» dans la durée. Inquiétant, non? PV