C'est grave docteur?

Alarme générale dans les médias: la population du canton de Neuchâtel a, comme en 2017, une nouvelle fois baissé l’année passée: –1142 personnes (–0,6%), ce qui ramène le canton à 176 720 habitant·e·s.


La Chaux-de-Fonds. A Otge

En elle-même, cette baisse de la population n’est pas très significative, mais il est vrai qu’elle intervient alors que la population suisse continue de croître. Unanimité du côté du gouvernement pour annoncer des mesures… et sous la pression des associations patronales et de la droite, ce sera de nouveau des promesses de baisses fiscales pour les plus fortunés et pour les entreprises, dans l’espoir (erroné) d’attirer ainsi de nouvelles entreprises de façon pérenne. C’est la mauvaise voie: cette politique-là accroît les inégalités, les derniers 25 ans l’ont largement démontré. C’est cet entêtement-là qui est inquiétant.

En 100 ans la population suisse a doublé alors qu’elle n’a augmenté que d’un tiers dans le canton de Neuchâtel. L’histoire récente l’atteste: le canton de Neuchâtel est habitué aux fluctuations conjoncturelles du nombre d’habitant·e·s selon la situation économique ; il a connu deux grosses baisses lors des crises des années 30 et 70 du siècle passé. Problème supplémentaire: à l’intérieur-même du canton, l’évolution de la population a été inégale. Les montagnes neuchâteloises très industrielles, après avoir connu de fortes fluctuations, se retrouvent aujourd’hui avec une population proche de celle d’il y a 100 ans. La croissance de la population ne s’est faite que sur le bas du canton.

Y a-t-il lieu de s’inquiéter de cette situation? Oui et non répondrait un Normand. À raison.

En effet: le capitalisme ne connait pas d’autres solutions pour sortir de ses crises cycliques qu’une relance de la croissance globale, de l’économie, de la population, de la pollution, etc. Mais la crise climatique, parmi d’autres, nous indique bien que nous arrivons à la limite du système. Une chose est sûre: il faut trouver des formes d’organisation alternatives qui permettent de s’organiser sans tabler sur des croissances perpétuelles. C’est une transition dont les maîtres mots seront solidarité, partage, égalité, culture, sociabilité, dans la recherche d’un équilibre cantonal qui ne doit pas pénaliser les populations qui se trouvent dans les régions le plus en difficulté.

Henri Vuilliomenet