Après les mobilisations de rue, place à celles au travail!


Manif 8 mars 2019, Lausanne – Gustave Deghilage

Ces derniers mois, les femmes* de tous les pays sont descendues dans la rue pour revendiquer leurs droits et libertés! Le dernier exemple est celui de la manifestation appelée par le mouvement Non Una di Meno à l’occasion du Congrès mondial des familles à Vérone. Un appel auquel ont répondu 150 000 personnes venues de toute l’Italie et l’Europe samedi dernier pour dénoncer les valeurs prônées par le Congrès.

En Suisse, les mobilisations portées par les collectifs de grève – comme celle du 22 septembre pour l’égalité salariale, celle du 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles, ou encore celles des 8 et 10 mars pour appeler à la grève féministe – sont des pas très importants vers la grève du 14 juin.
Cependant cette grève est un acte politique qui va au-delà d’une manifestation. Faire grève signifie un arrêt de travail collectif. La «paix du travail» visant à délégitimer la première arme des travailleurs·euses qu’est la grève, il n’est de loin pas simple de recourir à ce moyen de lutte car, selon le cadre juridique, elle doit s’appuyer sur des revendications liées aux conditions de travail, être proportionnée et soutenue par un syndicat. Elle s’avère d’autant plus compliquée lorsqu’elle est de caractère politique comme celle du 14 juin. Ce cadre empêche alors les travailleuses, déjà moins organisées syndicalement, d’exister politiquement.
C’est pourquoi il est indispensable de politiser son rapport au travail. À deux mois de la grève, il s’agit de s’organiser entre collègues afin de traduire les discriminations faites aux femmes* en revendications précises. La réduction générale du temps de travail, l’instauration d’un salaire minimum légal, une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée, ou encore l’extension des services publics sont seulement quelques-unes parmi les revendications des nombreuses travailleuses en Suisse.
Pour faciliter ce processus, les collectifs de grève proposent des rencontres entre les femmes* et les syndicats afin de réfléchir ensemble autour des actions à mener. Conjointement, les syndicats assurent une présence sur les lieux de travail en organisant des assemblées générales avec les travailleuses et militantes pour rendre la grève légalement et matériellement possible. C’est le cas pour le personnel de l’administration vaudoise où le gouvernement a cédé à la démarche du SSP rendant la grève licite. Tous les secteurs ne pourront toutefois arrêter le travail le 14 juin mais tenteront de ralentir la cadence, prolonger la pause ou faire un piquet devant le lieu de travail. C’est notamment le cas pour l’horlogerie (dans le canton de Vaud), un secteur occupé majoritairement par les femmes qui se prépare, même si UNIA n’a pas, à l’heure actuelle, appelé et organisé largement l’arrêt de travail comme pour les maçons en octobre dernier.
Faire grève n’est certes pas facile, mais c’est un acte nécessaire. La grève féministe est en ce sens légitime et proportionnée puisqu’elle est à la hauteur des discriminations subies. Nous ne pouvons plus attendre. Il est temps de s’emparer des espaces de pouvoir et de se saisir de ce moyen de lutte pour combattre le capitalisme patriarcal!
Tamara Knezevic