France

France : Changer de système, pas de gilet

Deux semaines après le Grand débat de Macron, les Gilets jaunes tenaient leur assemblée des assemblées. Face à la mascarade du dialogue organisé par en haut, le besoin du mouvement pour une démocratie par en bas s’amplifie.

Assemblée des Gilets jaunes, St-Nazaire, 2019

La convergence de plus de 100 000 manifestant·e·s dans les rues de Paris le 16 mars, pour la justice sociale et climatique et contre le racisme et les violences policières, incarnait non seulement l’intensification de la crise d’hégémonie du monde Macronien mais aussi la possibilité d’un bond qualitatif pour les différents mouvements sociaux. Le même jour se terminait son Grand débat, dont les thèmes, l’orientation, le pilotage et deux des cinq soi-disant garants avaient été choisis par lui-même. Même la présidente de la Commission nationale du débat public l’a dénoncé comme «faussé».

Quelques jours plus tard, plus de 250 délégations de Gilets jaunes (GJ) se sont réunies les 5, 6 et 7 avril dans la Maison du peuple de Saint-Nazaire, occupée depuis plusieurs mois, pour tenir l’assemblée des assemblées. Plus de 800 porte-paroles des assemblées locales, qui se réunissent régulièrement, y ont participé.

La passion et l’assiduité des participant·e·s – deux fois plus nombreux·ses qu’à la première assemblée – ont permis une discussion réellement démocratique. Des jeunes, des retraité·e·s, des femmes et des hommes, venu·e·s de tous les coins du pays ont discuté des modes d’action du mouvement, de revendications, de communication, de points de convergence avec les syndicats et d’autres collectifs, et de l’avenir du mouvement.

À la fin de ces trois jours, les délégué·e·s ont élaboré un appel, qui sera soumis au vote lors d’assemblées locales.

L’appel ne laisse pas de doute concernant le caractère de classe du mouvement. Les deux revendications principales sont l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minimas sociaux et des services publics pour tou·te·s. Pas de doute non plus concernant la volonté d’une convergence durable avec les autres mouvements. « Conscients de l’urgence environnementale…pour créer un nouveau mouvement social, écologique, populaire » ils et elles affirment: « Fin du monde, fin du mois, même logique, même combat».

Également « consciente du fait qu’il faudra sortir du capitalisme », l’assemblée appelle à la continuation, la multiplication et la diversification des luttes et à « élargir et renforcer les assemblées locales et à en créer de nouvelles ».

La convergence et l’élargissement ne seront pas automatiques. De vieilles structures inflexibles devront être bousculées par en bas.

Mais si le chemin n’est pas pavé de roses, c’est souvent dans les cendres – y compris du Fouquet’s – que poussent les premiers bourgeons, annonciateurs du printemps.

Dimitris Daskalakis