État espagnol

État espagnol : Quel avenir pour Sanchez?

Le résultat des élections espagnoles qui ont eu lieu dimanche 28 avril n’a pas clarifié l’issue gouvernementale. Le mécontentement ne s’est pas réfugié dans l’abstention, car la participation a nettement augmenté.

Pedro Sanchez. Photo: Palmira Escobar MartosPhoto: Palmira Escobar Martos

Les socialistes du PSOE ont réussi à redresser la barre et à éviter la disparition ou la marginalisation à l’instar d’autres pays européens. Sa défaite récemment en Andalousie avait servi de signal d’alarme, et ils ont bénéficié du vote « utile » contre l’extrême-droite de VOX et des errements politiques et organisationnels du mouvement Podemos, en pleine débâcle. Enfin, quelques mesures sociales (hausse du salaire minimum et des bourses universitaires, indexation des retraites) ont rassuré sur l’engagement à gauche.

Un visage pour l’extrême-droite

Évidemment, la déroute du Parti populaire (PP), jadis puissant et arrogant, discrédité par les affaires de corruption et les guerres de clans, a déplacé une partie de son électorat. Le PP avait accueilli dans ses rangs les ultra-nationalistes et les nostalgiques de la dictature de Franco. Lorsque les accusations de corruption ont commencé à être portées devant la justice, une scission est provoquée en 2014 sur une orientation d’extrême-droite par des cadres mécontents du PP voulant fuir les affaires de corruption.

Le parti VOX n’est donc pas surgi de nulle part. Ce courant politique déjà existant a désormais un vrai visage et polarise politiquement sur le nationalisme et la xénophobie, pour faire oublier les temps de la spéculation et de la corruption de l’Espagne dirigée par Aznar et Rajoy, dont il est aussi l’héritier politique.

La faute aux Catalan·ne·s?

La stigmatisation des courants indépendantistes catalans vise à les désigner comme responsables de tous les maux du pays. Oubliées la crise financière et les politiques d’austérité. Cette polarisation nationaliste évacue les questions sociales de fiscalité, du féminisme, de développement régional et écologique. Les drapeaux servent à masquer la réalité.

Révélateur aussi la position du parti dit « libéral » Ciudadanos. Excluant tout accord avec le PSOE, cette formation représente une variante du PP, qui pour l’instant n’a pas encore été touchée par les ravages de la corruption. Son penchant bien à droite le pousse à se rapprocher de VOX.

La dernière fois que l’extrême-droite avait fait irruption dans le parlement, c’était lors de la tentative de coup d’État du colonel Tejero en 1981. Cela relativise l’entrée des ultras de VOX.

Le résultat des élections régionales et municipales du 26 mai prochain joueront aussi un rôle prépondérant pour définir une fragile majorité dans le nouveau parlement.

José Sanchez