RFFA

RFFA : Refuser le chantage sur nos retraites!

Les richesses produites en Suisse augmentent plus vite que les rentes versées par l’AVS. À l’heure où un financement supplémentaire sans hausse des rentes sert de pilule pour faire passer de nouveaux cadeaux fiscaux pour les riches actionnaires dans la réforme RFFA, ce constat déjoue tous les mensonges selon lesquelles les comptes de l’AVS se dirigeraient vers les chiffres rouges.

Parti socialiste vaudois PV2020

Le PS vaudois en campagne pour l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes (PV2020).

Le même discours nous est rabâché depuis plus de vingt ans. En 1997, le Conseil fédéral pronostiquait déjà un déficit de l’AVS de 15 milliards de francs pour 2010. Elle y parvenait avec un excédent de 1,8 milliard. Les mêmes prévisions alarmistes ont été déjouées régulièrement, pour parvenir à un bilan 2017 bénéficiaire de 1,1 milliards de francs.

Le vieillissement de la population ne met pas en péril les finances du 1er pilier pour une raison simple: les richesses produites en Suisse augmentent quatre fois plus vite que l’espérance de vie. La situation n’est donc pas critique et, si de nouveaux apports financiers sont souhaitables pour l’AVS, ils devraient servir à augmenter les rentes. À l’inverse, le financement additionnel prévu dans la RFFA ne prévoit aucune augmentation des rentes. Pire, il ne revient pas sur les détériorations du 1er pilier prévues dans le projet de loi AVS 21 qui sera voté dans quelques mois aux Chambres (voir encadré).

Travailler moins pour vivre plus… longtemps

Déjà aujourd’hui, L’AVS seule ne permet pas de couvrir les besoins sociaux les plus élémentaires. C’est pourtant un mandat constitutionnel, et les chiffres ci-dessus montrent qu’il n’y a pas raison matérielle pour ne pas élever les rentes. Le réel obstacle est idéologique et politique.

Affirmer que le vieillissement démographique obligerait de relever l’âge de la retraite, de baisser les rentes ou de ponctionner plus lourdement les salarié·e·s n’a aucun fondement réel. C’est au contraire parce que nous nous usons moins longtemps au travail depuis qu’existe un système de prévoyance solidaire, que nous vivons plus longtemps et que l’état de santé moyen de la population s’est amélioré. On peut faire le constat inverse en Allemagne, où l’espérance de vie en bonne santé a baissé depuis que l’âge de départ à la retraite a été relevé.

Tenir bon sur la durée du travail

La droite, le Parti socialiste (PSS) et le patronat veulent faire accepter l’idée que les finances de l’AVS seraient en danger et que sa pérennisation financière constituerait une bonne « contrepartie sociale » aux cadeaux fiscaux prévus par la RFFA. Ils alimentent l’idée qu’il faudrait se serrer la ceinture pour protéger les rentes. Ils se gardent aussi bien de relever que ce financement sera reporté pour trois quart sur les salarié·e·s elles·eux-même, par une hausse des cotisations sociales et de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), donc une baisse du pouvoir d’achat de la population.

La RFFA n’est pas seulement une réforme injuste sur le plan fiscal et antidémocratique par le fait qu’elle lie dans un paquet ficelé deux sujets totalement distincts. Elle ne promet pas que des coupes dans les services publics et des hausses d’impôts à la population. La RFFA contribue aussi à faire sauter le verrou de l’augmentation de l’âge de la retraite, en validant le discours alarmiste sur le financement des rentes. Elle met volontairement de côté le problème de la redistribution des richesses.

Un non le 19 mai constituerait alors un point d’appui en vue des batailles à venir pour des retraites dignes, sûres et solidaires.

Pierre Conscience

AVS 21 toujours à l’ordre du jour

La seule « avancée » que peut se targuer d’avoir obtenu le PSS dans le débat sur la RFFA est le report de quelques mois de la discussion sur le projet AVS 21 au parlement fédéral. Mais son contenu n’a pas changé d’une virgule. AVS 21 reprend les mesures qui avaient été refusées en votation dans le projet « Prévoyance vieillesse 2020 » en 2018, notamment:

– l’élévation de l’âge de la retraite des femmes ;

– une nouvelle hausse de la TVA ;

– la flexibilisation de l’âge de départ à la retraite.

Dans son texte, le Conseil fédéral avance de manière explicite l’objectif réel de la réforme: prolonger la durée de l’activité professionnelle et économiser sur les rentes de nos anciens et surtout de nos anciennes, puisque c’est plus de 10 milliards de francs qui seront économisés sur les rentes des femmes.

Le PS prétend que le projet pourrait être revu si la réforme RFFA était approuvée le 19 mai. Mais c’est le contraire qui est vrai: victorieux, le Conseil fédéral et la droite ne consentiraient à aucune atténuation de ce projet antisocial. Sinon pour le durcir encore.