Extinction ou rébellion

Extinction Rebellion action à Lausanne

En parallèle au mouvement mondial de la grève pour le climat, le mouvement Extinction Rebellion (XR) prônant la désobéissance civile non-violente est né en Grande-Bretagne. Celui-ci a désormais son pôle dans chaque région linguistique de Suisse.

Sa stratégie vise à de soulever une masse critique au sein de chaque pays en utilisant la désobéissance civile non-violente afin de contraindre les gouvernements élus à entreprendre trois actions: premièrement, déclarer l’urgence climatique et « dire la vérité » (titre de leur manifeste) sur la gravité mortelle de la situation ; deuxièmement, atteindre zéro émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 et lutter contre la perte de biodiversité ; troisièmement, créer des assemblées citoyennes locales et nationales, reflétant la composition démographique des populations, qui débattront des réponses à donner à cette crise et dont les recommandations devront être appliquées.

XR constate qu’aucune approche conventionnelle – vote, lobbying, pétitions et manifestations – n’a jamais réussi à faire changer les choses depuis les premières alertes officielles concernant l’origine humaine du dérèglement climatique (rapport Meadows, 1972). Étant donné que les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, XR constate à juste titre que les démocraties libérales sont incapables d’arrêter, ou même simplement de freiner la catastrophe.

En Suisse, la plupart des habitant·e·s sont conscient·e·s du changement climatique et reconnaît qu’il est lié à notre système de production. Les trois-quarts de la population pensent que « les politiques » ne sont pas à la hauteur de la tâche en matière d’environnement (sondage MIS Trend publié par Le Temps). Si certain·e·s voient dans les prochaines élections nationales un « référendum climatique », le parlement issu des urnes restera majoritairement aux mains des lobbies des pollueurs. La solution ne pourra venir que d’ailleurs. C’est le sens du troisième point des revendications de XR.

On pourrait s’étonner par contre de l’absence du terme capitalisme dans leurs documents. Il semble pourtant évident que les solutions à la hauteur de la crise écologique actuelle ne peuvent pas se limiter à des mesures douces et graduelles de réductions d’émissions. Cela nécessite une diminution drastique et immédiate de l’extraction de ressources fossiles et des industries qui en dépendent: armement, automobile, aviation, transport maritime, agro-industrie et agrobusiness, pétrochimie, production de plastiques et du jetable, publicité ou encore de industrie extractive. Ce qui ressemble fort à une sortie du capitalisme.

Un changement de système est donc nécessaire. Il est impossible sans la confiscation des richesses accumulées par une minorité par l’exploitation des populations et de la planète. Ce basculement devra également garantir à toutes et tous une activité, un logement, de la nourriture – bref une vie décente et, pour beaucoup, une vie meilleure qu’aujourd’hui.

Jusqu’à récemment, la profondeur de la crise et l’échelle du changement nécessaire ont eu tendance à provoquer désespoir et passivité. On ne peut que se réjouir de l’essor de mouvements créatifs et mobilisateurs comme Extinction Rebellion. Pour transformer la prise de conscience en mesures concrètes, les luttes devront se multiplier à toutes les échelles.

Hugo Musard